VOYAGE DE LA MEMOIRE à VENISE

vendredi 4 mai 2018


Voyage réalisé par l’association ARES à Venise du dimanche soir 18 Mars 2018 au jeudi soir 23 Mars 2018


1) Nombre de jours : 5 jours à Venise 2 jours de voyage
2) Participants : 20 constituant un groupe franco-allemand
3) Buts du voyage :
-A l’occasion de la commémoration de la création du Ghetto de Venise, il y a 500 ans, voir les traces de sa présence dans le tissu urbain vénitien. ARES veut aussi mettre l’accent, sur le destin de la communauté juive de Venise au moment de la Shoah. Pour se faire, elle désire rencontrer des témoins de cette époque et des historiens.
-ARES projette donc la visite du Ghetto et de ses synagogues et de la Librairie hébraïque. Ce parcours est destiné à faire voir le lien entre cette communauté et les événements survenus dans le reste de l’Europe et en Italie (exemples : les Juifs chassés d’Espagne en 1492,l’application des lois raciales sous le fascisme) et leur expression dans l’espace vénitien.
- Durant des siècles, la Sérénissime a eu un comportement très pragmatique vis à vis des Juifs. Elle les a enfermés, chargés d’impôts, confinés dans un certain nombre d’activités, mais elle ne leur a pas fait subir les persécutions outrancières notées dans d’autres parties de l’Italie ou de l’Europe. La Shoah, elle, constitue un moment plus que dramatique et particulier de son histoire.
- Par les visites des églises comme la Salute, la chiesa della Madonna del’Orto, celles de San Sebastiano, des Jésuites, de la Scuola di San Roche, de San Zaccario, des Frari, les visiteurs verront dans quelle atmosphère chrétienne dominante les Juifs étaient entourés et combien d’œuvres d’art sont contenues dans ces lieux( œuvres du Tintoret, Véronèse, Titien, Bellini).
-Ville de commerce et d’échanges, Venise a accueilli dans son territoire des peuples de la Méditerranée, du Moyen-Orient , de l’Europe septentrionale et orientale. Le groupe d’ARES visitera donc San Lazzaro degli Armeni, San Giorgio dei Greci, mais aussi le Fondaco dei Tedeschi et celui des Turcs qui réclamèrent au XVIème un espace "comme les Juifs dans le Ghetto". On pourra donc comparer les situations des différents peuples et leurs religions admis sur le territoire vénitien, et voir comment l’attitude des autorités variait au grès des intérêts politiques ou économiques de la Sérénissime. Il serait donc possible d’essayer de cerner en quoi le sort des Juifs contenait de particularité(s).
-Visite aussi des symboles de l’autorité vénitienne et de sa puissance. On ira donc traverser les salles du Palais des Doges, riche en œuvres d’art, la basilique de San Marco, et l’Arsenal.
-Enfin il ne faut pas oublier que ce voyage est aussi la manifestation de la rencontre franco- allemande ( voir objectifs généraux)


Compte rendu du Voyage réalisé par Mireille et Roger Reboul avec les photos des participants


Dimanche soir 18/03/18 vers 19h


Nous nous retrouvons dans le hall de l’hôtel. Manquent encore Petra, Thomas, Yves et Monique. Déjà nous regrettons l’absence de Michel et Michèle qui ne pourront se joindre au groupe durant ces quelques jours.
Les retrouvailles finissent de se faire au restaurant « Gianni » sur les Zatterre à deux pas de l’hôtel. La forte sirène qui a retenti peu de temps avant dans toute la cité, nous a tout de suite mis dans l’ambiance : l’ « acqua alta » serait là d’ici environ 2 heures. Pour retourner à l’hôtel, déjà un froid humide nous glace. Demain, il faudra se couvrir plus chaudement.
Lundi 19/03/18
Le groupe est au complet ! Quelques flocons aussi !!!
Après un copieux et bon petit-déjeuner nous prenons le vaporetto, station Academia, pour remonter le Grand Canal. Nous admirons alors les façades des palais qui s’égrainent le long de notre parcours…avant le Pont du Rialto, Palazzo Loredan, Ca’Rezzonico, Ca’Foscari, Palazzo Pisani, Palazzo Grassi…et après le Rialto, Ca’ Pesaro, Fondaco dei Tedeschi,ca’d’Oro, palazzo Vendramin Calergi. Nous portons une attention particulière au Fondaco dei Turchi, devenu Musée d’histoire naturelle.
A l’arrêt San Marcuola, nous descendons. Nous jetons un coup d’œil au fameux Palazzo Labia, puis nous prenons le chemin du Ghetto.
Arrivés sur la place du Ghetto Nuovo, nous nous rendons encore mieux compte de l’exiguïté des lieux. La place est petite, les immeubles hauts. Sur tout un côté de la place, des bas reliefs rappellent les crimes commis pendant la Seconde Guerre Mondiale à l’encontre des Juifs.
Il fait un froid humide et glacial. Heureusement, notre intervenant, le Professeur Simon Levis Sullam arrive très vite. Alerte, le sourire aux lèvres, il a des allures de jeune étudiant. Après les présentations, il nous conduit dans la salle mise à disposition par la communauté juive de Venise. Il y fait bon. Le Professeur parle un français au vocabulaire riche et élégant. Sa prestation est savante, mais non dénuée d’émotion et d’humanité.

Nous le quittons en espérant qu’un jour il accepte de participer à une Université d’ARES.
Dehors, le froid humide nous saisit de nouveau. Renée, en accord avec tous, a négocié, pour le soir, un repas au restaurant « Gam Gam »… …pour un couscous !!!!!. Le groupe se sépare aux environs du Rialto. Une partie se rend au Fondaco dei Tedeschi pour admirer l’architecture récemment remise en valeur. Voir le Fondaco dei Tedeschi ou celui dei Turchi marque de façon flagrante la spécificité du sort réservé aux Juifs dans l’espace vénitien puisque en quittant le Ghetto les traces des gonds des portes dans les murs se sont exposées à notre vue. Rien de semblable pour les autres « nations ».
Il est à signaler que face aux risques de « l’ acqua alta » et au froid persistant, beaucoup se sont équipés de sortes de bottes légères à semelles antidérapantes vendues en nombre sur les étals des kiosques . Beaucoup de personnes du groupe ont pu faire admirer leurs jambes et pieds ornés de ces parures aux couleurs orange, bleu…rose !!!
Nous prenons le vaporetto pour regagner l’hôtel. Renée rappelle à tous que le lendemain est très chargé et que le départ est fixé à 8h.
Ce rappel fait, Renée, Rolland, Roger, Michèle et moi traversons le pont de l’Academia pour chercher sur le Campo Santo Stefano un restaurant pour le lendemain soir. Nous finissons par en réserver un… !!!!


Mardi 20/03/18


A 8h, tout commence. Nous traversons la lagune en direction du Lido. Il fait froid, mais le paysage nous captive. Arrivés au Lido, peu fréquenté à cette époque de l’année, nous prenons le bus pour joindre le cimetière juif antique. A 9h30, comme convenu, la guide parlant français…avec les fameuses bottes jaune canari…arrive et nous ouvre les portes. Une longue visite s’en suit. La chose étonnante est que seules les stèles séfarades nous soient parvenues. La guide s’attarde parfois sur des tombes de personnages marquants de la communauté juive. Mais, ce qui est tout à fait remarquable est la décoration des stèles. Elle montre qu’au fil du temps à côté des choix proprement bibliques et conformes à la tradition hébraïque se sont glissées des éléments vénitiens marques d’une certaine porosité entre ces deux mondes.


Il est midi passé. Le soleil brille et pour nous réchauffer nous rejoignons à pied l’embarcadère. Direction le Ghetto . Avant de retrouver notre guide, nous grignotons en vitesse un pannino. Sur le trajet nous passons devant la Chiesa del la Madonna dell’Orto et le Campo dei Mori.


Vers 13h30, la visite reprend. Nous pénétrons tour à tour dans les synagogues Tedesca,Canton,Levantina et Spagnola. Nous pouvons alors nous apercevoir que face à la volonté des autorités de rendre la présence des synagogues très discrète pour ne pas supplanter les églises dans le paysage, celles-ci sont imbriquées dans les espaces publics et privés et leurs dimensions sont modestes. La décoration est souvent raffinée et porte les marques d’une influence vénitienne.
Le musée est succinct et contient divers objets de nature religieuse. Rien de comparable avec ce que nous avons pu voir lors de nos voyages à Paris ou Berlin.
Avant de regagner l’hôtel, quelques uns s’arrêtent près du Rialto et voient le « Gobbo » statue du « Bossu » symbole des punitions infligées aux citoyens contrevenants durant le Moyen-Age et endroit où on suspendait poèsies satiriques et libelles contre la dégénérescence des mœurs du Clergé et de l’Etat. Ils lèvent le nez vers la tête dite « Alla testa d’oro », vestige d’une des pharmacies réputées de Venise qui fabriquait la « Theriaca d’Andromaco », sorte de remède miracle .
A 20h30, tous confortablement assis dans la jolie église de San Vidal, nous écoutons les « Quatre Saisons » de Vivaldi magistralement interprétées par un groupe de musiciens virtuoses, utilisateurs d’instruments des XVII et XVIIIème siècles. C’était magnifique !
A la sortie, toujours en butte avec un froid glacial, nous nous sommes rendus au restaurant retenu la veille. Là, la langue parlée est diversement asiatique et la cuisine se veut italienne. On nous a mis à part dans une salle de l’étage. L’ambiance est joyeuse.
Nous rentrons à l’hôtel !


Mercredi 21/03/18


Nos pas nous emmènent de l’arrêt du vaporetto San Tomà à l’Eglise Santa Maria Gloriosa dei Frari. Le seuil franchi, nous avons à gauche la tombe de Canova et à droite celle du Titien. Celle de Canova retient tout particulièrement notre attention parce que s’y croisent les symboles chrétiens et francs-maçons avec une grande subtilité.
Visite achevée, nous nous dirigeons vers l’entrée de la Scuola San Rocco toute proche. Là, déception : nous ne pouvons pas admirer toutes les œuvres exposées. Nous décidons de revenir le lendemain.
Comme l’heure avance, nous partons vers la Riva degli Schiavoni . Ici encore : déceptions !!! L’église de La Piéta est couverte d’un panneau publicitaire, véritable verrue sur la façade et on ne peut y entrer. L’entrée de San Giorgio dei Greci nous est refusée à cause d’un règlement draconien des flux. Ceux qui le peuvent « espinchent » la magnifique iconostase qui n’est qu’un aperçu de ce que renferme ce centre hellénique unique au monde dont la présence a permis la conservation de précieux textes et manuscrits .
Tout près de là, un morceau de pizza et un vin rouge nous réconfortent avant de reprendre le déroulé de notre programme, d’autant qu’il faut être à 15h très précises sur l’île de San Lazzaro degli Armeni. Le moine que j’ai eu au téléphone me l’a bien spécifié.
Le soleil brille. La traversée de la lagune est un plaisir. Enfin, nous arrivons. Après quelques palabres, un jeune homme va nous servir de guide dans ce monastère mékhitariste installé dans l’île depuis le XVIIIème siècle. Ce lieu recèle une grande quantité d’ouvrages en langue arménienne , mais pas seulement (textes bibliques, corans, etc). C’est ici que venait se ressourcer Lord Byron qui apprenait l’arménien. Le guide est sympathique et nous dit être étudiant en cinéma. Peut-être avons-nous croisé un futur Henri Verneuil vénitien ?
A nouveau, nous effectuons la traversée de la lagune et nous nous arrêtons à San Zaccaria. Là, le groupe se sépare. Roland, Renée, Roger et moi allons au Florian où nous retrouvons Danièle, Paul, Jean et Monique. Nous dégustons un chocolat. Renée désireuse d’offrir à tout le groupe un chocolat au nom d’ARES, est obligée de prendre rendez-vous pour le lendemain matin 11h. Ce lieu emblématique est très fréquenté par les touristes.
Après le repas au restaurant, nous rentrons à l’hôtel.


Jeudi 22/03/18


Nous suivons le même rituel que les autres matins avant de retourner à la Scuola Grande di San Rocco. Cette fois, nous pouvons y pénétrer. Les œuvres du Tintoret y sont nombreuses et majeures. Nous nous attardons devant le tableau de la « Crucifixion » et portons une attention particulière aux toiles des deux Marie, « Sainte Marie Madeleine » et « Sainte Marie l’Egyptienne ». Selon certaines interprétations, elles portent la marque des théories de Guillaume Postel que Tintoret a, peut-être, rencontré à Venise. Pour Postel , l’œuvre messianique du Christ serait parachevée par l’œuvre d’une femme chargée de racheter le péché originel pour le compte d’Eve. Postel pensait avoir rencontré ce Messie féminin en la personne de la pieuse mère Jeanne rencontrée à l’hôpital San Giovanni e Paolo.
L’ heure avance. Il faut rejoindre le Florian. Tous rassemblés dans un salon, nous écoutons notre présidente et savourons le moment.
Le groupe s’égaie en attendant le moment de la visite des « Itinéraires secrets du Palais des Doges ». A 14h30, tout le monde est là. Notre guide, jolie et jeune femme, parle délicieusement le français. Douée de talents de conteuse et d’actrice, elle nous entraîne à sa suite et nous dévoile l’imbrication architecturale et subtile du gouvernement de la Sérénissime. Elle nous démystifie avec maestria le récit de l’évasion de Casanova, bonimenteur .
En sortant du Palais, nous sommes une dizaine à pénétrer dans la Basilique Saint Marc au moment où la lumière de fin d’après-midi éclaire les mosaïques. C’est un éblouissement. Comme il n’y a pas foule, nous avons la chance de pouvoir admirer la Pala d’Oro en toute quiétude. Nous avons aussi le loisir de regarder la Croix vénitienne suspendue devant l’abside et dont la décoration fait allusion à la Sainte Trinité (les boules ou fleurs de lis à l’extrémité de chaque bras), et au Monde( les 4 mêmes boules ou lis irradiant au niveau de la partie centrale ).
Il est temps pour certains d’encore se promener ou faire quelques achats. D’autres partent se reposer à l’ hôtel.
Ce soir, notre dernier repas en commun est retenu chez « Gianni » près de l’hôtel .Nous y regrettons l’absence de Thomas qui doit se reposer.
Voilà ! Il faut se dire au-revoir. Rendez-vous à Marseille !


Remerciements à notre amie Cristina, vénitienne de souche, dont l’implication et les divers conseils nous ont été précieux.


Portfolio

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