Bibliographie pour le concours de la Résistance et de la Déportation

mercredi 25 novembre 2020


CNRD : Concours National de la Résistance et de la Déportation Travail de mémoire « Si l’écho de leurs voix faiblit nous périrons. » Paul Eluard
Institué en 1961 par Lucien Paye, ministre de l’Éducation nationale, à la suite d’initiatives d’associations d’anciens résistants et déportés, le CNRD est un concours scolaire qui s’appuie sur l’enseignement de l’histoire, de l’histoire des mémoires, de la Résistance et de la Déportation. Chaque année, un thème est défini, pouvant faire l’objet d’un véritable travail interdisciplinaire. Ce concours s’inscrit ainsi dans une démarche d’éducation à la citoyenneté et est une composante essentielle du parcours citoyen de l’élève. En 2020, le thème est "1940. Entrer en résistance. Comprendre, refuser, résister".

1940 : Entrer en Résistance. Comprendre, Refuser, Résister. Le sujet du concours national de la Résistance et de la déportation est limité, cette année, à une période relativement courte. 1940 reste toutefois dans les mémoires comme l’une des années les plus sombres du XXe siècle : une défaite militaire, un exode des populations civiles fuyant l’avancée des troupes ennemies, l’arrêt des combats, la signature d’un armistice le 22 juin, l’occupation allemande d’une grande partie du territoire national, la fin de la IIIe République et l’avènement du régime de Vichy, la mise en place des premières mesures de collaboration, les premières lois antisémites… Mais 1940 concentre également les premiers frémissements d’une Résistance qui se manifeste dès le départ par trois comportements convergents en termes de nature et intention : comprendre, refuser, résister. L’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle demeure dans les mémoires : après le discours du maréchal Pétain la veille appelant les Français à cesser le combat, le premier Français qui comprend la situation et son impact pour son pays, la refuse et appelle à la Résistance. Cette allocution radiodiffusée est relayée sur le territoire national par des actes, des engagements, des trajectoires qui se reproduisent jusqu’à la mise en place d’une Résistance organisée. Nombreux sont les citoyens refusant l’occupation, manifestant leur mécontentement, voire même leur opposition. Tous néanmoins ne se revendiquent pas gaullistes. Leurs actions ont pour autant comme point commun le refus. La notion de balbutiement d’une résistance, quelle qu’en soit la forme, est donc pleinement à prendre en compte. La sélection de documents présentée ici illustre les trois thématiques du sujet. Elle met en lumière le contexte historique et les conditions d’existence des populations civiles, les premiers signes de refus jusqu’aux premiers actes de résistance. Elle souhaite éclairer le sujet et mettre en perspective, sur un plan local, des événements souvent reproduits à l’échelon national. Elle désire enfin rendre sensible cette part sombre de l’histoire en présentant des destins singuliers.

« Comprendre » : « Se rendre compte » de l’importance de quelque chose, « se représenter » quelque chose d’une certaine façon. En 1940, alors que personne n’imagine encore ce qui va se passer en Europe, certains pourtant réalisent ou pressentent, le désastre à venir et le danger pour les populations et la démocratie. Dans le brouillard et la succession des évènements, dans la panique d’un pays encore en guerre, à une époque où l’information circule plus lentement qu’aujourd’hui et où la propagande des états façonne de nombreux esprits, ils devinent précisément les horreurs qui se préparent. Comment ces femmes et ces hommes ont-ils compris ce qui n’est venu à l’esprit que de très peu de leurs concitoyens ? Quel a été le déclic de cette prise de conscience ? 1940 : Comprendre le désastre L’ampleur de la catastrophe est considérable. Envahie en seulement six semaines, la France est battue à tous niveaux et n’était pas préparée à perdre cette guerre, convaincue d’avoir tous les atouts pour en sortir victorieuse. La réalité est dure à encaisser. Il va falloir des mois, voire davantage, aux Français pour sortir de ce traumatisme. Le pays est occupé. L’armistice est signé le 22 juin 1940 : plusieurs zones sont créées ; la population est divisée, des familles sont séparées. Au nord et sur la côte atlantique, les nazis s’installent et imposent leurs lois. Les Français vivant dans cette partie doivent se soumettre. Au sud, l’autre zone reste non occupée jusqu’au 11 novembre 1942, maintenant l’illusion que la France garde une certaine « indépendance ». La France bascule dans un régime autoritaire. Le maréchal Philippe Pétain, héros de la première guerre mondiale, est appelé par le président de la République pour prendre la tête du gouvernement le 16 juin. Il demande l’armistice le 17 juin. Avec la mise en place de la zone non occupée, il installe son gouvernement à Vichy. Le 10 juillet 1940, les députés et sénateurs doivent se prononcer sur une nouvelle Constitution pour la France. 569 parlementaires décident ce jour-là de confier les pleins pouvoirs à Pétain, 80 seulement s’y opposent. La 3e République est supprimée, remplacée par un nouveau régime : l’État français. En quelques semaines, le nouveau gouvernement impose son autorité, supprime les libertés fondamentales (ex : droit de vote, de grève, de manifester, de s’exprimer) et met en place la répression contre tous les opposants et les « mauvais français ». Les difficultés sont donc grandes et nombreuses. Entre vouloir résister et pouvoir le faire, la différence est considérable. Il faut aussi prendre en compte que les Français vivent contrôlés, surveillés, embrigadés au quotidien par la propagande nazie et celle du régime de Vichy. S’ajoutent à cela, les graves difficultés économiques et matérielles que connait la population après la défaite.

Au début de l’année 1939, le gouvernement et la société française voient la guerre arriver depuis l’est de l’Europe, sans pouvoir s’y opposer et sans vouloir s’y préparer. Les tensions montent et les dictatures se renforcent face à des démocraties encore traumatisées par la première Guerre Mondiale et hésitantes à reprendre les armes. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie envahit la Pologne. Le 3 septembre, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne.

1940 Comprendre : La drôle de guerre
La « drôle de guerre » est une période de 9 mois de guerre, où les combats sont limités à l’abri de la ligne Maginot entre la déclaration de guerre et l’offensive allemande du 10 mai 1940 sur la Belgique, le Luxembourg et la France. Elle est marquée par une course à l’armement de la part des belligérants qui évitent pour un temps les combats afin de mieux s’organiser. En France, la propagande d’État et l’économie de guerre (axée sur le réarmement) préparent le pays au conflit. La propagande promet une guerre courte dont la France sortira vainqueur. Roland Dorgelès, correspondant de guerre, a revendiqué la paternité de l’expression.
La drôle de guerre : 1939-1940
Dorgelès, Roland (Boggio, 2005) Albin Michel, 1957

L’hiver 1939, Roland Dorgelès entreprend de faire le tour des avant-postes français. Il en tire une série d’articles où, pour la première fois, il emploie le terme de "Drôle de guerre". Ses articles sont regroupés en un ouvrage "Retour au front" qui, dès sa parution, fut interdit et pilonné par les Allemands.

Les carnets de la drôle de guerre
Sartre, Jean-Paul, Gallimard, 1983

« Je faisais une guerre à mon image : bourgeois, j’avais choisi mon arme par recommandation ; pacifiste, je l’avais prise pacifique ; antimilitariste, je l’avais voulu faire comme simple soldat (antimilitariste parce qu’intellectuel) ; inapte à la vie physique (borgne), je la faisais avec des réservistes, c’est-à-dire des hommes mariés et pères de famille. D’autre part la drôle de guerre réfléchissait notre volonté profonde de ne pas nous battre puisque Hitler n’attaquait pas pour laisser pourrir cette guerre, connaissant nos sentiments. C’est dire que je me réfléchissais dans cette guerre qui se réfléchissait en moi et me réfléchissait son image. Le résultat fut que j’écrivis d’abord sur la guerre et finalement sur moi. Elle devint une retraite. » Jean-Paul Sartre.

Le français dans la drôle de guerre : 39-40
Fontvieille-Alquier, J. Tallandier, 1971, Le Cercle du nouveau livre

La drôle de guerre et la débâcle vues par le caporal-chef Marcel Gibert.
« Le 28 septembre 2005, parmi les nombreuses rencontres que permet le Village du livre de la fête de l’Humanité, j’ai fait la connaissance de Julien Blanc-Gras, qui m’a parlé des carnets de guerre tenus par son grand-père, Marcel Gibert, de septembre 1939 à juin 1940. Les renseignements biographiques ont été communiqués par Julien Blanc-Gras. »
François Cochet livre une contribution à la hauteur de cette exigence sur une période largement méconnue de notre histoire, la « drôle de guerre ». A travers l’examen de sources « classiques », mais aussi des témoignages et correspondances laissés par plus d’une douzaine de soldats.
Un Balcon en forêt est l’histoire de quelques hommes isolés sur un promontoire où le protagoniste, l’aspirant Grange, éprouve la griserie d’un détachement, d’une déliaison d’avec le réel et l’impression d’entrer dans un monde purifié, à la fois érémitique et édénique. Et il va passer les mois de septembre 1939 à mai 1940, cette période de la drôle de guerre qu’il appelle lui, « la fausse guerre » à ressentir un étrange dépaysement et à vivre dans l’indéfinissable attente d’une apocalypse ambiguë.

1940 Comprendre La France vaincue Après plusieurs mois d’une "drôle de guerre", l’armée française cède devant l’offensive lancée par l’armée allemande le 10 mai 1940. L’évacuation de 340 00 soldats de Dunkerque sera un des seuls épisode glorieux. Les combats se terminent par 95 000 morts et 1,8 million de prisonniers. De plus, huit millions de Français et de Françaises fuient l’avancée allemande, prenant ainsi le chemin de l’exode... C’est un traumatisme.

L’étrange défaite
Bloch, Marc, Franc-Tireur,1949
« Ces pages seront-elles jamais publiées ? Je ne sais. Il est probable, en tout cas, que, de longtemps, elles ne pourront être connues, sinon sous le manteau, en dehors de mon entourage immédiat. Je me suis cependant décidé à les écrire. L’effort sera rude : combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement ! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j’en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s’épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. »
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Ce texte, écrit à chaud dans l’été 1940, est une analyse implacable de la défaite française. Marc Bloch historien, qui, bien que déjà âgé, s’était volontairement engagé dans les combats de la Bataille de France, a vécu la débâcle française. Il tente de démêler les responsabilités militaires et politiques de cet échec mais en profite aussi pour présenter, à la première personne, le témoin qu’il est. Ce texte ne sera publié que de manière posthume, après son exécution en 1944 par les Allemands, en 1946 aux éditions ’Franc-Tireur’. Il est devenu, depuis quelques années, le texte de référence des historiens de l’histoire du temps présent.

Le drame de l’armée française : du Front populaire à Vichy
Chauvy Gérard, Pygmalion, 2010
L’auteur cherche à comprendre quelles sont les raisons qui ont entrainé l’armée française à capituler aussi vite après le début de la Seconde Guerre mondiale.

Dunkerque, 1940 : une tragédie française
Duquesne Jacques, Flammarion, 2017
Le journaliste retrace les quinze jours de l’opération Dynamo, du 21 mai au 4 juin 1940. Les forces armées françaises et britanniques, battant en retraite devant la Wehrmacht, résistent un temps à Dunkerque avant d’être évacuées vers le Royaume-Uni. Le récit historique se double d’un témoignage personnel : l’auteur avait 10 ans à l’époque et a connu la débâcle.

France, 1940 : débats stratégiques et militaires autour de la défaite
Parmi les grands évènements de la seconde guerre mondiale, la campagne de France de mai juin 1940 suscite encore beaucoup de controverses notamment sur la stratégie des deux états-majors ou la supposée supériorité de l’armée (Augé, 2015) allemande face à l’impréparation de l’armée française. Mai-juin 1940 est tragique pour l’armée française. Quelles sont les causes de sa défaite ? Cette dernière était-elle forcement prévisible ?

Les prisonniers de guerre
Les prisonniers de guerre français de la Seconde Guerre mondiale, au nombre de 1 845 000, capturés par la Wehrmacht du Troisième Reich après l’armistice française pendant la bataille de France durant l’été 1940, furent envoyés dans des camps en Allemagne1.
Leur écrasante victoire permet aux Allemands de faire plus d’un million et demi de prisonniers de guerre. L’armistice du 22 juin 1940 prévoit leur internement en Allemagne jusqu’à la « conclusion »de la paix. Refusant la captivité, des milliers de prisonniers profitent de leur internement dans un camp de transit en France ou de leur transfert outre-Rhin pour s’évader au cours de l’été 1940. Certains d’entre eux s’illustreront ensuite dans la Résistance naissante, comme le capitaine Henri Frenay, futur chef du mouvement Combat.
http://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance098.pdf

Prisonnier de guerre, Guerlain, Robert, Hachette, 1944

La Captivité : Histoire des prisonniers de guerre français : 1939-1945, Durand, Yves (1932-2004), N.C.P.G.-C.A.T.M.. Paris, 1981

La Moisson humaine : carnet d’un prisonnier de guerre
Brague, F Fayard, Cop. 1945

Henri Lozes raconte la débâcle…
Résistant toulousain, il participe à la distribution de tracts et de journaux clandestins. A la Libération, il a 14 ans mais prend tout de même part aux combats à la gare Matabiau.
« Je suis né en 1929 à Toulouse. Je vivais à l’époque dans la même rue que le maire de Toulouse, Ellen-Prevost. Au moment de la défaite en juin 40, j’ai été appelé par des copains de classe qui m’ont dit :« Viens voir ! Il y a des militaires partout, des régiments entiers route de Castres ! ».

J’y suis allé, et j’ai vu tous ces militaires débraillés… Franchement, ça m’a fait un choc, j’en tremble encore. Tous ces pauvres militaires en débandade. Alors je suis rentré chez moi, et ma mère m’a vu et m’a dit : « Tu ne vas pas pleurer ? ! » Mais si, j’ai pleuré, parce que pour moi c’était une atteinte grave à la France. J’étais insurgé contre ce qui se passait. Et puis à côté de ça, on manquait de tout, de ravitaillement, on mangeait peu. Je me souviens qu’il n’y avait plus de beurre pour le petit-déjeuner, plus de pain... »

Paul KOEPFLER
« Né le 14 février 1921 à Belfort (Territoire de Belfort), abattu par les Allemands le 31 mars 1943 à Poligny (Jura) ; marchand forain ; passeur ; agent des services de renseignement militaires, résistant.
Après la défaite de 1940, Belfort avait été incluse dans la « zone réservée » (ou « zone interdite ») délimitée pour accueillir des colons allemands et était devenue de ce fait un point de passage vers la zone non-occupée pour les nombreux Alsaciens et Lorrains désireux d’échapper à la conscription dans les armées du IIIème Reich. Paul Koepfler se fit passeur et acquit une grande renommée après avoir réussi à faire franchir la ligne de démarcation à 120 personnes près d’Arbois au cours de la nuit de Noël 1940.
Arrêté le 3 mars 1941 prés d’Arbois (Jura) alors qu’il retournait à Belfort, porteur d’un courrier important, il fut transféré à Besançon où il subit de durs sévices. Sa condamnation à mort ayant été confirmée, Paul Koepfler se trancha la gorge dans sa cellule, quatre jours avant la date prévue pour son exécution. La blessure était si profonde que les Allemands le jugèrent perdu et le firent transférer à la morgue de l’hôpital Saint-Jacques où il reçût les derniers sacrements. Mais le personnel médical réussit à le sauver et à le faire évader vers la zone non-occupée. Sa blessure lui avait tranché les cordes vocales et nécessitait des soins qu’il reçut à Poligny (Jura) puis à Lyon (Rhône). Il allait en conserver une large cicatrice et une forte altération de la voix. Le général Frère, gouverneur militaire de Lyon, lui adressa une lettre de félicitations pour sa conduite héroïque. A l’automne 1941, il reprit ses activités de résistance. Après l’occupation de la zone sud en novembre 1942, les services allemands de contre-espionnage se lancèrent de nouveau à sa recherche. Ils finirent par le localiser grâce à des indicateurs. Le 31 mars 1943, alors que Paul Koepfler se trouvait au bar de l’Hôtel de Ville de Poligny avec des amis, deux policiers allemands en civil entrèrent dans l’établissement. Le résistant les repéra aussitôt et sortit. Mais les policiers qui étaient munis de sa photo lui emboîtèrent le pas et firent feu sur lui sans sommation. Mortellement blessé, Paul Koepfler s’effondra juste devant la mairie de Poligny ».



Paul Koepfler : passeur et résistant : 1921-1943, Pelot, Marie-Claude. Auteur, Cabédita , 2017

1940 : Comprendre L’exode

Après la percée de Sedan du 13 mai 1940 et la progression de l’armée allemande lors de la bataille de France (mai-juin 1940), huit à dix millions de civils français envahissent les routes, décidés à fuir l’ennemi. Parmi les soldats français en retraite, ces « exodiens » (Jean-Pierre Azéma) sont présents sur tout le territoire, particulièrement dans le nord et l’est du pays. S’ils prennent parfois la direction du sud et de l’ouest, ils errent souvent aussi sans but précis. Effectué majoritairement à pied (mais aussi en charrette, en vélo ou plus rarement en engin motorisé), ce gigantesque mouvement de masse appelé « Exode », souvent chaotique, dure jusqu’à la fin du mois de juin.
Alexandre SUMPF, « L’exode », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 25 novembre 2019. : http://www.histoire-image.org/fr/etudes/exode
1940, l’année noire : de la débandade au trauma
Azéma Jean-Pierre,Fayard, 2010
En une trentaine de chapitres thématiques, une évocation de la période de l’exode, au début de la Seconde Guerre mondiale, et des huit millions de Français fuyant sur les routes.

L’exode : un drame oublié
Alary Eric, Perrin, 2010
L’exode de 1940 représente une migration de dix millions de Français et d’Européens du Nord, dépassant le cadre chronologique des quelques mois après septembre 1939. A partir de sources inédites, E. Alary dévoile des centaines d’histoires individuelles, des plans d’évacuation, les motivations des uns, les hésitations des autres et observe les retours d’exode.

« En juin 40, j’allais sur mes quatorze ans. Nous habitions Marcilly-en-Villette où ma mère était receveuse des postes. Mon père, mobilisé à la Télégraphie militaire, gardait une casemate de la ligne Maginot, près de Nancy. Orléans était déjà bombardé et les nouvelles les plus alarmantes sur la situation militaire allaient bon train. On racontait que des parachutistes allemands déguisés en bonnes-soeurs, se mêlaient au flot des réfugiés qui fuyaient vers la Beauce et la Sologne. C’était en effet depuis quelques semaines un bouchon de plus en plus dense de « Juva 4 » et de « traction-avant » aux toitures remplies d’affaires précieuses à sauver de la tourmente, de voitures à chevaux ou simplement de bicyclettes traînant péniblement des paquets de hardes. La panique se répandait tant et si bien que ma mère décida de m’envoyer avec la famille d’un facteur, lui-même mobilisé. Maman partirait plus tard vers le sud avec ma jeune soeur. C’est ainsi qu’emportant le strict minimum pour la toilette et le linge de corps, je suis parti avec Mme Guérin et ses deux enfants. Nous étions tous les quatre à vélo (ma bicyclette m’avait été offerte deux ans plus tôt, pour mon certificat d’études). J’avais absolument tenu à emporter avec moi, dans une cage minuscule, le petit serin qui appartenait à ma grand-mère, décédée quelques mois auparavant… » Paroles d’exode : lettres et témoignages des Français sur les routes, mai-juin 1940, Témoignage de Jean Durand Cité par Gérard Boutet, Ils ont vécu l’Occupation, Jean-Cyrille Godefroy Editeur, 1990, pages 71-73.
Paroles d’exode, Édition Jean-Pierre Guéno, 2015,Librio
Recueil de témoignages de civils français ayant fui devant l’invasion allemande du pays par le nord en mai 1940.
L’exode de 1940 représente une migration de dix millions de Français et d’Européens du Nord, dépassant le cadre chronologique des quelques mois après septembre 1939. A partir de sources inédites, E. Alary dévoile des centaines d’histoires individuelles, des plans d’évacuation, les motivations des uns, les hésitations des autres et observe les retours d’exode.

Werth Léon, préface Antoine de Saint-Exupéry
Viviane Hamy, 2015
Le récit de l’exode de 1940 écrit sur la route de Paris à Saint-Amour, dans le Jura. Sur les conseils d’un ami, Léon Werth quitte Paris le 11 juin 1940 pour se rendre dans le Jura. Ce voyage, qu’il espérait ne devoir durer que quelques heures, lui prendra en fait 33 jours. ’33 Jours’ est donc un récit d’exode en même temps qu’un témoignage historique et humain. « Par son admirable sincérité, par la probité d’une logique qui habille tous les faits, tous les hommes, tous les propos sur mesure, Déposition est pour l’historien un des témoignages les plus directs et les plus précieux dont il puisse disposer pour recomposer l’évolution des esprits dans un coin de terre française, entre les temps nauséeux de l’armistice stagnant et cette grande année de la Libération. »Lucien Febvre, Les Annales, 1948
Edgar Morin raconte l’exode… Né à Paris en 1921, il est étudiant en 1940. Lors de l’exode, il prend le dernier train qui part de la capitale et arrive à Toulouse. Il s’inscrit à l’université, c’est là qu’il entre en résistance. Il participera à la Libération de Paris puis à la campagne d’Allemagne. Edgar Morin est aujourd’hui un auteur et un philosophe reconnu.
« Je me suis retrouvé réfugié à Toulouse, comme étudiant. Je suis rapidement devenu le secrétaire du Centre des Etudiants Réfugiés. Et à l’époque, il y avait un professeur d’université, le professeur Faucher, qui nous a beaucoup aidés. Dans la cour de la bibliothèque, il y avait une grande table où on nous donnait à manger, et on les logeait dans une ex-caserne de pompiers.
Il y avait des réfugiés de, de Bretagne, des italiens, des communistes, etc. Il y avait une solidarité. Ce n’était pas encore la Résistance, mais c’était déjà un certain état d’esprit. Je crois que mon entrée dans la Résistance s’est faite au moment du renvoi de l’université du professeur Jankélévitch [philosophe français juif d’origine russe] : il avait été nommé à Toulouse après avoir fui la zone occupée, et en décembre 40 il a été vidé par les lois de Vichy. Alors, les étudiants ont voulu faire une petite cérémonie d’amitié et d’adieux. Et là, j’ai commencé à connaître des gens qui disaient :« Il faut faire quelque chose ! », et qui étaient dans la Résistance. »
 « L’exode sur la route de Fontainebleau (Seine-et-Marne), 13 juin 1940 », publié dans Yves Gaulupeau et Antoine Prost, Dessins d’exode, Tallandier, 2003.
Partie avec sa famille sur les routes de l’exode, la jeune fille restitue une scène qui l’a marquée. Elle décrit la route encombrée par les véhicules de toutes sortes et les piétons lourdement chargés, entre lesquels des camions de militaires tentent de se frayer un chemin à contre-sens. Les Allemands entrent dans Paris le lendemain.
FILMS
 Jeux Interdits Film de René Clément sorti le 9 mai 1952 (1h 25min) avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly. Les parents de la petite Paulette sont tués lors des bombardements de juin 1940, dans le centre de la France. La fillette de cinq ans est recueillie par les Dollé, une famille de paysans. Elle devient l’amie de leur jeune fils de onze ans, Michel. Après avoir enterré le chien de Paulette dans un vieux moulin abandonné, les deux enfants constituent peu à peu un véritable cimetière pour insectes et petits animaux. Les problèmes commencent lorsque Michel se met à voler des croix pour en orner les tombes du cimetière miniature.

1940 Comprendre La fin de la république
Le maréchal Pétain appelé au pouvoir par la IIIe République, pousse les Français à accepter la défaite dans son discours du 17 juin 1940. Il signe l’armistice le 22 juin. Hitler exige que cette signature se déroule en forêt de Rethondes, dans le même wagon que celui qui a accueilli l’armistice et la défaite de l’Allemagne en 1918. Les conditions prévues par le texte sont très dures et humiliantes pour la France : annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne ; division de la France en deux parties : « zone occupée » (par les Allemands au nord de la ligne de démarcation), et « zone libre ».
En forêt de Compiègne, le général Huntziger à la tête de la délégation du gouvernement français dirigé par le Maréchal Pétain se rend, en compagnie de dignitaires allemands dans le wagon historique « Maréchal Foch » pour signer l’armistice le 22 juin 1940.
La vérité sur l’armistice : Ephéméride de ce qui s’est réellement passé, Kammerer, Albert. Ed. Médicis, 1944
Par un Ambassadeur de France (il fut notamment en poste en Turquie de 1933 à 1936), un réquisitoire contre la décision de l’Armistice de 1940 avec trois cibles principales : le Maréchal Pétain, le Général Weygand et Paul Baudouin, du 9 mai au 28 juin. De nombreux documents, le procès-verbal des pourparlers de Compiègne…

Toute la vérité sur un mois dramatique de notre histoire Montigny, Jean, Mont-Louis, 1940
Les jours dramatiques qui ont précédé la demande d’armistice et les jours suivants racontés avec précision et objectivité. Ces événements, qu’il faut connaître avant de pouvoir éventuellement porter un jugement, sont exposés ici dans le détail et ne laissent aucun doute sur la nécessité de cesser provisoirement le combat.


Pétain et le choix de l’armistice. À Vichy, le 10 juillet 1940 : « les pleins pouvoirs à Pétain »,
Pétain restait en le dernier survivant des grands chefs de la Première Guerre mondiale et jouissait d’une forte popularité auprès d’une majorité de Français qui voyaient en lui le « vainqueur de Verdun ». D’aucuns souhaitaient même sa venue au pouvoir, comme Gustave Hervé qui dès 1935 déclara : « C’est Pétain qu’il nous faut ! » Dans le désarroi profond de la défaite de 1940, Pétain est alors apparu comme l’homme providentiel, obtenant les pleins pouvoirs d’une large majorité de parlementaires. De nos jours, l’homme incarne avant tout le régime de Vichy et la politique de collaboration menée dès octobre 1940 avec l’Allemagne hitlérienne.
Barthélemy JOBERT et Pascal TORRÈS, « Philippe Pétain, Maréchal de France  », Histoire par l’image [en ligne],  : http://www.histoire-image.org/fr/etudes/philippe-petain-marechal-france
De Gaulle-Pétain : le destin, la blessure, la leçon
Salat-Baroux Frédéric, Robert. Laffont, 2010
Mise en perspective de la confrontation historique entre Pétain et De Gaulle, deux chefs d’abord unis par une admiration profonde, puis opposés en juin 1940, lorsque l’un choisit l’armistice, et l’autre la poursuite du combat.

Premiers refus
« Il y a 70 ans, le 10 juillet 1940, 80 parlementaires (57 députés et 23 sénateurs) refusèrent de voter la loi constitutionnelle donnant tout pouvoir au Maréchal Pétain », dossier de l’Assemblée nationale, 2010
1940, l’armistice-trahison : le courage politique de Léonel de Moustier
Henri de Moustier, Cêtre, 2002.
Récit de l’engagement pendant la Seconde Guerre mondiale de Léonel de Moustier, l’un des quatre-vingt parlementaires ayant refusé d’accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940. Il participe à la Résistance, en 1943 il est arrêté et meurt en déportation en 1945.

Léon Blum (Paris 1872 – 1950)
Homme politique français, il est Président du Conseil, c’est-à-dire chef du gouvernement, sous le Front Populaire de 1936 à 1937, puis de mars à avril 1938. Député lors de l’arrivée au pouvoir de Philippe Pétain, il est l’un des quatre-vingt parlementaires à refuser de voter les pleins pouvoirs au Maréchal, le 10 juillet 1940. Juif, socialiste et opposant au régime de Vichy, il est considéré par celui-ci comme l’un des principaux responsables de la défaite de la France, et représente ce que Vichy nomme « l’anti-France ». Jugé puis transféré en Allemagne, il est déporté à Buchenwald en tant qu’otage politique. Il bénéficie d’un statut protégé du fait de sa valeur comme monnaie d’échange et sera libéré en 1945.



Je vous promets de revenir : 1940-1945, le dernier combat de Léon Blum , Dominique Missika Robert Laffont, 2009


Septembre 1940 : Léon Blum est arrêté sur ordre de Pétain. Se sachant menacé, il aurait pu fuir, mais il refuse de se soustraire au procès qui l’attend. Pendant seize mois, haï et calomnié, il va être traîné de prison en prison. Pourtant, le vieux leader résiste. Il se bat, il prépare sa défense, il reconstruit son parti dans la clandestinité et finalement réussit le tour de force de retourner l’opinion publique en sa faveur. Où puise-t-il sa combativité ? Et comment survit-il à l’emprisonnement en Allemagne qui va suivre son procès ? On a évoqué son optimisme, son humanisme. Mais cela ne suffit pas. Léon Blum a un secret : une femme, Jeanne Reichenbach. Au terme d’une longue enquête, s’appuyant notamment sur une correspondance inédite, Dominique Missika révèle le rôle joué par Jeanne Reichenbach, et raconte une histoire d’amour méconnue entre deux êtres exceptionnels.Bibliothèque
Vincent Auriol (Revel 1884 – Paris 1966)
Originaire de Haute-Garonne et maire de Muret, il est député en 1940. Comme Léon Blum, il fait partie des rares à refuser de voter les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. En contact permanent avec Blum, il le fait cacher. Arrêté à Colomie en même temps que lui en septembre 1940, il est libéré l’année suivante pour raisons de santé. En octobre 1942, il passa dans la clandestinité, dans les montagnes de l’Aveyron, sous les pseudonymes d’André Viard et de Jules Morel et rédigea Hier et demain, publié ultérieurement à Alger chez l’éditeur Charlot. Il rejoint ensuite la France Libre par Londres et Alger. Élu député à la Libération, puis nommé ministre, il deviendra Président de la IVème République de 1947 à 1954.
Hier et demain 1 et 2, Vincent Auriol, Charlot, 1945
Il écrit Hier et demain, qui sera publié en 1944 à Alger, et dans lequel il entame une réflexion sur les institutions qui, selon lui, devraient remplacer celles de la 3ème République.

Albert Mauran raconte l’entrevue de Montoire…
Né en 1923, il a 17 ans lorsqu’il décide de rejoindre à Londres le général De Gaulle. Il s’engage ensuite comme sous-marinier dans les Forces Navales Françaises Libres.
« Le jour où j’ai vu aux actualités Pétain serrer la main à Hitler, cela m’a détruit. Là, j’ai pris ma décision : le 24 juin 1940, j’ai décidé de rejoindre le général de Gaulle. Car j’écoutais déjà radio Londres, je savais qui était le général, même si je n’avais pas entendu son appel […] Vraiment, la poignée de main entre Pétain et Hitler à Montoire, ça a été le déclic pour moi ce n’était pas possible. C’était un acte de soumission qui ne pouvait pas être admis. Qu’un maréchal de France, serre la main à Hitler et rentre dans la collaboration, c’était impensable ! »

1940 : Comprendre la ligne de démarcation
La ligne de démarcation est une des conséquences de l’armistice, sûrement la plus marquante à l’époque. La France est divisée en plusieurs zones dont 2 principales. Au Nord et sur la façade atlantique, la « zone occupée » est contrôlée par l’armée allemande ; au Sud, une zone « dite libre » reste sous contrôle français. Une ligne de démarcation, véritable frontière, sépare en deux le territoire. Un régime autoritaire se met en place. Dans les premières semaines le courrier ne circule pas entre les deux zones et aucun franchissement de la ligne n’est autorisé. Des familles entières se trouvent séparées, privées de nouvelles de leurs proches.
Par la suite, si ces mesures s’assouplissent un peu, il reste très difficile de se voir sauf à obtenir, rarement, un Ausweiss (laissez-passer). Délicat aussi de communiquer : les correspondances sont contrôlées, lues, filtrées. Jusqu’en mai 1941, le trafic des marchandises, les échanges et les transferts de fonds sont suspendus.
Cet aspect a une grande importance : quand les Français du nord doivent apprendre à vivre avec la présence nazie, ceux du sud sont, jusqu’en 1942, « préservés » de ce traumatisme. Cependant, les libertés sont peu à peu supprimées par le gouvernement français et les opposants violemment réprimés. La Résistance ne naît donc pas dans les mêmes conditions dans les deux zones.



Les zones d’occupation




L’armistice de juin 1940 instaure une ligne de démarcation et divise la France en plusieurs zones :
 la moitié nord passe sous occupation allemande,
 la zone sud, dite « libre » ou « non occupée », n’existe que jusqu’en novembre 1942, date à laquelle l’armée allemande envahit tout le territoire,
 le Nord et le Pas-de-Calais sont rattachés au commandement militaire allemand de Bruxelles,
 l’Alsace-Moselle est annexée au Reich,
 le littoral atlantique devient zone côtière interdite à partir d’avril 1941,
 dans les Alpes, une zone d’occupation italienne existe à partir de l’armistice du 25 juin 1940, puis s’étend jusqu’au Rhône de novembre 1942 à septembre 1943.
La ligne de démarcation : 1940-1944, Alary Eric, Perrin, 2010

L’histoire de cette ligne qui sépara la France en deux parties après la défaîte de 1940. Toutes les conséquences dans la vie quotidienne des Français sont évoquées, ainsi que les répercussions au niveau de l’économie nationale.

Clandestins de la liberté : ligne de démarcation et frontière suisse, 1940-1944, André Besson, Pygmalion, 2009
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ligne de démarcation était la limite entre la zone libre, sous l’autorité de Vichy, et la zone occupée par l’armée allemande. Partant de la frontière suisse, elle traversait 13 départements parmi lesquels le Jura, l’Ain, la Saône-et-Loire ou l’Allier. Le rôle que jouèrent les passeurs dans le conflit est étudié.

1940 Refuser L’occupation et la répression allemande

L’armistice franco-allemand est signé le 22 juin 1940. La moitié nord et la côte atlantique du territoire français deviennent la « zone occupée », où l’Allemagne exerce désormais « les droits de la puissance occupante ».

La France occupée
L’article 3 de la Convention d’armistice signée le 22 juin 1940 à Rethondes précise :
« Dans les régions occupées de la France, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante. Le Gouvernement français s’engage à faciliter par tous les moyens les réglementations relatives à l’exercice de ces droits et à la mise en exécution avec le concours de l’Administration française. Le Gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux réglementations des autorités militaires. »
Affiche du commandant en chef de l’armée allemande annonçant l’occupation et l’administration du territoire français par les troupes de la Wehrmacht, juin 1940
Archives de la vie littéraire sous l’Occupation : à travers le désastre,[réunies et légendées par] Robert O. Paxton, Olivier Corpet, Claire Paulhan, Tallandier : IMEC, 2009.
Corpus de 650 documents tirés des collections de l’IMEC, de la New York Public Library et de la Bibliothèque nationale du Québec. Après une présentation générale, la guerre et ses conséquences sont explorées pas à pas : l’avant-guerre, la drôle de guerre et la débâcle, la vie dans la France vichyste, l’évolution de la librairie, etc.

Comme un Allemand en France : lettres inédites sous l’Occupation : 1940-1944,Aurélie Luneau, Jeanne Guérout, Stefan Martens, L’Iconoclaste. , 2016.
Sélection commentée de documents personnels (lettres, photographies, dessins, etc.) qui relatent le vécu de soldats, d’officiers et de civils allemands pendant l’Occupation en France : de l’orgueil national en 1940 jusqu’à l’extrême lassitude de 1944 en passant par toutes les étapes d’une remise en cause de la légitimité des combats. De nombreux documents sont reproduits.

Dictionnaire historique de la France sous l’Occupation
Dirigé par Michèle et Jean-Paul Cointet, Taillandier, 2000
(Dictionnaires) Dictionnaire biographique et encyclopédique de plus de 500 articles. Les personnages, les lieux, les institutions, les organismes, les événements marquants des années noires en France sont ici répertoriés et analysés.

Les Français au quotidien : 1939-1949, Alary Eric, Perrin, 2006
Une reconstitution de la vie des Français de métropole et de l’Empire colonial de 1939 à 1949. Fondée sur de nombreuses sources, cette étude rend compte de la vie en ville, dans les fermes, des relations avec l’occupant puis avec les libérateurs, comment les Français se rencontraient, s’habillaient et le basculement vers l’ère de la consommation.

La France des années noires, Azéma Jean-Pierre,Seuil, 2000
Points. Histoire. 2 volumes.
Le livre restitue les prises de paroles et décisions des principaux acteurs politiques du moment. L’extrait présenté ici s’attache à dévoiler l’erreur stratégique de Paul Reynaud, président du Conseil depuis mars 1940, qui a choisi de nommer, en pleine offensive allemande, le maréchal Pétain à ses côtés.
« Lorsque la défaite militaire survient, Pétain se présente comme l’homme de la raison qui, face au désastre militaire et à l’exode des populations, au désarroi politique et au caractère aléatoire d’une poursuite de la guerre de l’étranger, choisit de mettre bas les armes. En cinq jours de campagne en effet, du 10 au 15 mai 1940, les Allemands avaient percé le « front continu » de la Meuse près de Sedan. La Blitzkrieg avait surpris le Haut Commandement français. À partir de la deuxième semaine de juin et de la ruée des Panzerdivision vers le sud, le gouvernement français se déchire entre partisans de la poursuite de la guerre et de l’alliance avec le Royaume-Uni et partisans de la fin des combats. Reynaud fut de plus en plus contesté. Ses atermoiements avaient agacé jusqu’à Churchill. Le conseil des ministres du 13 juin dont il est question ici fut décisif dans le déclenchement de la crise qui aboutit à l’armistice. Soutenu par le général Weygand, chef des armées, le maréchal Pétain se mit à y lire une déclaration. À ses yeux, la guerre était terminée. Un « clan de l’armistice » se forma autour de son nom. » Contient « Le trauma de 1940 », Hoffmann Stanley

De Munich à la Libération, Azéma Jean-Pierre Seuil, 2012
Présentation synthétique de l’époque de l’occupation allemande, avec la Résistance, ses actions et les hommes qui l’ont animée.

Hitler et la France Jean-Paul Cointet Perrin, 2014
L’Occupation allemande en France / Jean Defrasne PUF, 1985
Le carnet de guerre de bon papa : une famille française sous l’Occupation Texte et dessins de Marcel Euvrard Ed. de Montbel ; C. Hérissey. Evreux , 2004. Dessinateur industriel à la SNCF, M. Euvrard tint un carnet de guerre dans lequel il consigna la vie de ses proches à Vesoul de septembre 1939 à août 1944. Présenté ici sous la forme d’un album, il contient des scènes aquarellées et des dessins représentant à l’identique des documents d’époque : cartes de rationnement, extraits de journaux, tracts, formulaires, etc


La France sous l’occupation, 1940-1944, Julian Jackson Flammarion, 2013
L’historien enquête sur la Résistance en se démarquant de la survalorisation gaulliste ou du dénigrement systématique dont elle a pu faire l’objet. Il démontre que la mémoire collective ne rend pas compte de la complexité de la situation politique : des résistants pétainistes, des pétainistes pro-bolcheviques et anti-Allemands ou encore des résistants antisémites coexistèrent pendant l’Occupation.

Le chagrin et le venin : la France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues, Laborie Pierre,Bayard, 2011
En prenant l’exemple de la France occupée, P. Laborie montre comment le présent et ses préoccupations dictent l’écriture du passé et l’instrumentalisent. L’auteur retrace l’histoire de la construction de la vision de la France occupée telle qu’elle domine actuellement, en analysant les grandes étapes depuis la sortie du film Le chagrin et la pitié aux années 1970.

Les Français sous Vichy et l’Occupation, Laborie Pierre,Milan, 2012 (Les archives de l’histoire)
Description de la vie quotidienne en France pendant la Seconde Guerre mondiale : le rationnement, les loisirs, la résistance, la collaboration, les bombardements, etc.….

L’Occupation allemande en France Jean Defrasne PUF, 1985.
Ma petite France : chronique d’une ville ordinaire sous l’Occupation, Péan Pierre, Albin Miche, 2017
Un témoignage sur les années d’Occupation dans la ville de Sablé-sur-Sarthe, alors que l’auteur était enfant, à partir de documents familiaux et de recherches dans les archives.

Les années noires : vivre sous l’Occupation, Rousso Henry
Gallimard, 1992, (Découvertes Gallimard : histoire ; 156)
Les français traversent ces années noires, partagés entre la résignation et la résistance, hantés par les difficultés matérielles. Henry Rousso, historien de la période de Vichy, retrace ces événements dont le souvenir est toujours vif.

Vivre et survivre en France, 1939-1947,Veillon Dominique, Payot, 1995, (Histoire Payot)
Un livre d’histoire au quotidien : comment vivait-on pratiquement, dans cette époque difficile de la guerre ? Comment, concrètement, mangeait-on, trouvait-on des provisions, pouvait-on s’habiller, se déplacer, communiquer ? En suivant un fil chronologique, de la Drôle de Guerre à la Libération, l’auteur montre comment l’évolution de la situation transforme les conditions.



Le monde de la culture à l’avant-garde du refus
Refuser le pillage culturel
1940 la France est le pays d’Europe le plus riche avec l’Angleterre et Paris la capitale culturelle la plus rayonnante du monde. Les Nazis organisent dès 1940 le pillage méthodique du patrimoine culturel français : bibliothèques, archives, collections privées (notamment celles appartenant à des personnes juives), sont en danger à Paris et partout en France.Il se trouve alors des femmes comme Rose Valland et des hommes comme Léon Delarbre qui vont s’oppser a ce pillage ....



Le Front de l’art : défense des collections françaises, 1939-1945, Rose Valland, Paris : Plon, 1961. 2e éd., RMN, 1997 ; 3e éd., RMN, 2014.


Les nazis s’intéressent de très près à l’art. Après avoir entrepris de « purifier » l’art allemand en le débarrassant des collections d’art dégénéré et des oeuvres d’artistes étrangers ou juifs, mise de côté ou détruite : le Troisième Reich étend rapidement sa politique hégémonique sur le monde de l’art. Il fait main basse sur un grand nombre d’oeuvres d’art . Mais des oeuvres sont cachées. Au Musée du Louvre et au Musée du Jeu de Paume à Paris et au Musée de Belfort.
Léon Delarbre conservateur du musée de Belfort
Originaire de Masevaux en Haute-Alsace, les Delarbre sont horlogers-bijoutiers de père en fils. En 1904, la famille s’installe à Belfort. Démobilisé en 1919, Léon Delarbre reprend le métier d’horloger-bijoutier aux côtés de son père, puis à la mort de ce dernier, avec son frère Albert. Dans le même temps il peint et commence à exposer. De 1925 à 1933, il participe avec Bersier, Conrad, Lecaron, Cochet et Le Molt à la décoration du théâtre de Belfort rénové. En 1935, il fonde l’Ecole des Beaux-Arts de Belfort où il enseignera jusqu’à sa mort. En 1929, il est choisi par la municipalité de Belfort comme conservateur de la section des Beaux-Arts du musée. Seul conservateur en 1933, il entreprend la réorganisation de l’établissement. Trop âgé pour être mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale, il entre en résistance dès 1940 date à laquelle il entreprend, à l’exemple de Rose Vailland, de mettre à l’abri des perquisitions allemandes certaines oeuvres appartenant au Musée de Belfort. A partir de1941, il rejoint le mouvement Libération-Nord. Arrêté le 3 janvier 1944, il est incarcéré à Belfort puis à Compiègne (France ; Oise), il est déporté dans les camps d’Auschwitz, Buchenwald, Dora où il a été libéré.

Journal de Léon Delarbre, extrait 1940-1941 « 1940 […] Reçu ce jour 10 avril en don de M. René H. Munsch une épreuve (n° 19/50) d’une gravure sur bois de sa main. Kaysersberg. Maisons gothiques. M. Munsch mobilisé comme lieutenant commissaire à la gare de Belfort est professeur à l’Ecole Estienne à Paris. N° E387 Le 10 mai au matin premier bombardement par les avions allemands sur Valdoie et Sermamagny. A partir de ce jour Belfort vit dans des alertes continuelles. Je termine les emballages et j’adresse une nouvelle demande d’instruction par l’entremise de M. Bersier à M. Billet au Ministère des Beaux Arts. Le 14 juin au matin je reçois la lettre ci-dessous de la Préfecture de Belfort : Préfecture du Territoire de Belfort, Belfort le 13 juin 1940 1ère Division 2e Bureau Monsieur le Conservateur J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien vous présenter à mon bureau dès que possible au sujet de l’expédition des OEuvres d’art de Belfort dont vous avez bien voulu m’entretenir récemment. Veuillez agréer, Monsieur le Conservateur, l’assurance de ma considération distinguée. Le chef de Division Signé Marchal Je me rends immédiatement à cette convocation et M. Marchal me donne connaissance du télégramme suivant dont il me remet la copie.

Télégramme Ministre Beaux Arts à Préfet Belfort Prière donner instructions à conservateur pour expédition oeuvres d’art Belfort sur Château la Bastie d’Urfé par St Etienne de Molard (Loire). Annoncer départ à Direction Musées Nationaux. Pour copie conforme Pour le Préfet Le chef de Division délégué Signé Marchal Je vais trouver M. Metzger 1er adjoint faisant fonction de maire qui convoque immédiatement les services intéressés. M.M. Legay et Maret. Mais les camions de la Ville viennent d’être réquisitionnés par l’autorité militaire : on réussit cependant à se mettre d’accord avec M. Heinis transporteur qui possède plusieurs camions, il peut mettre à ma disposition un camion Renault. Le camion n’étant ni assez puissant ni assez rapide pour transporter dans la Loire les oeuvres qui sont au Musée et celles qui se trouvent déjà à Autrey-les-Gray et que je désire évacuer en même temps, conformément à des instructions reçues antérieurement, il est décidé que je ferais un premier voyage juqu’à Autrey où je déposerais les collections du 2e envoi et que je reviendrais à Belfort pour attendre un camion capable de faire le voyage de la Loire. Le Samedi 15 juin à 6 heures du matin il pleut à verse. Belfort a été bombardé par avions la veille au soir. Je trouve devant le Musée non pas le camion Renault promis (celui-ci a été réquisitionné entre temps par l’autorité militaire) mais un vieux trois tonnes âgés de 20 ans au moins sans couverture et sans bâche. Le conducteur : un jeune homme de 17 ans le jeune Heinis dont j’ai apprécié par la suite l’endurance et le courage. 3 hommes fournis par la ville étaient là également pour la manutention des caisses énormes et lourdes. J’envoie le camion aux magasins de la Ville pour chercher une bâche. Il n’y en a pas, nous prenons finalement des tentes des marchés. Comme il faut chaque fois une ½ heure pour mettre le moteur en route nous prenons la route à 10 heures seulement. Le camion atteint péniblement 30 k. à l’heure en terrain plat les descentes doivent être faites doucement faute de freins suffisants. Nous n’arrivons de ce fait qu’à 16 heures aux environs de Gray où nous tombons dans un enchevêtrement inouï de camions et de voitures civiles ou militaires qui font demi-tour car les Allemands sont à Gray.
l nous faut une demi-heure pour tourner et nous reprenons la route de Belfort dans la cohue. On nous dit en cours de route, à tort ou à raison, que le passage à Vesoul est coupé. Je décide alors de me diriger sur Besançon et par Dôle d’essayer d’atteindre la Saône et Loire Allerey où se trouve ma famille et où existe un château susceptible de recevoir provisoirement les collections. Nous avons une panne d’une heure au croisement de la route qui va vers Recologne. Nous prenons là en remorque une jeune femme en uniforme de l’UFF qui est en panne d’essence. Nous voyageons jusqu’à la nuit tombée, à ce moment nous devons refaire le plein d’essence car les arrêts innombrables qui nous sont imposés nous font consommer environs 80 litres au 100 Km. Il nous reste un bidon de 50 litres que nous transvasons à l’aide de deux bidons de 2 litres, nos seuls récipients. Nous passons à Dôle vers 10h du soir et nous roulons une partie de la nuit par des chemins détournés avec des arrêts incessants. Au loin, l’incendie du dépôt d’essence de St Jean de Losne illumine le ciel. Le conducteur est exténué et on n’y voit plus goutte. Je décide de nous arrêter en attendant le petit jour. Après 2 heures de repos vers 3 heures nous nous remettons en route, cela va mieux, l’encombrement est toujours extrême mais on voit clair… à 6 heures du matin nous retrouvons la grande route qui va de Dôle à Dijon et nous nous apercevons que le chemin parcouru dans la nuit représente 17km sur la grande route. Vers 8 heures du matin nous avons notre première panne d’essence à l’entrée de Seurre. Nous cherchons en vain du carburant dans cette bourgade. Je trouve finalement un automobiliste complaisant qui veut bien m’en céder 5 litres. Nous repartons de Seurre environ un quart d’heure avant que cette localité ne soit bombardée par avions et sérieusement touchée. Nous faisons environ 8km et nous sommes de nouveau en panne d’essence en rase campagne, nous perdons une heure en vaines recherches, finalement un automobiliste belfortain veut bien m’en céder deux litres. Nous nous remettons en route et deux ou trois km plus loin nous sommes de nouveau arrêtés, il nous reste à ce moment environ 12km à faire pour atteindre Allerey. Je décide de partir jusqu’à Verdun sur le Doubs où j’espère trouver du carburant, une automobiliste complaisante veut bien me prendre sur son marche pied pour me faire faire les huit kilomètres qui me séparent de cette ville. A Verdun on me dit qu’il ne reste pas un demi-verre d’essence dans la localité, après de vaines démarches je trouve enfin une formation sanitaire arrêtée. Je m’adresse au médecin chef qui consent à me céder 5 litres d’essence que j’emporte dans nos deux petits bidons et une bouteille de bière, je refais les huit km qui me séparent du camion moitié à pied moitié sur une bicyclette empruntée à un cultivateur. Ces derniers 5 litres nous permettent d’arriver à Allerey au début de l’après-midi. Nous avons besoin de nous laver et de manger car nous n’avons rien pris depuis la veille au soir. Pendant que le chauffeur et les deux hommes qui nous accompagnent se reposent je me rends au château mais le propriétaire, le Comte de Maistre, a quitté le pays la veille, je ne trouve que le valet de chambre qui veut bien mettre une remise à ma disposition. Je me rends chez le Maire pour lui signaler la présence de nos collections et, sur ses indications, je me rends au bourg voisin à Gergy conduit par le boucher du pays. Le dépôt militaire d’essence qui s’y trouve doit être incendié le soir même et il est possible d’y trouver du carburant. J’en obtiens 100 litres. En revenant je me demande si je ne dois pas essayer d’atteindre Saint Etienne de Molar[d] mais ce voyage n’ayant pas été prévu je ne sais où se trouve exactement cette localité, je n’ai pas de carte et je ne connais pas le kilométrage, d’autre part j’ai avec moi 3 hommes qui sont, comme moi, partis pour la journée sans argent, sans linge de rechange, les routes sont de plus en plus encombrées et on me dit que le passage à Châlon sur Saône est devenu problématique. Le camion n’a presque plus de freins, bref je décide de renvoyer le camion à Belfort et d’attendre les événements à Allerey. Après une nuit de repos les trois hommes repartent le lundi matin pour Belfort. Le mardi 18 à 7 heures les Allemands arrivent à Allerey et occupent immédiatement le château. Je suis très inquiet pour les oeuvres d’art du Musée. Le 20 le valet du château m’avertit que les Allemands ont forcé la porte de la remise et commencent à ouvrir les caisses. Je me rends immédiatement chez le Commandant qui est absent mais son secrétaire, sur mes instances, charge une sentinelle postée non loin de la remise de veiller sur les collections. »


 



1940 Comprendre La France de Vichy : un régime d’exclusion
Le 10 juillet 1940 les parlementaires confèrent au maréchal Pétain les pleins pouvoirs. Le lendemain, celui-ci s’arroge le pouvoir législatif. L’État français voit le jour. Pétain et ses ministres mettent en place la Révolution Nationale, destinée à redresser le pays en s’attaquant à ceux qui sont désignés comme étant responsables de la défaite : Juifs, démocrates, francs-maçons, étrangers, Front Populaire.
Vichy écarte de l’État et des administrations ceux identifiés comme étant trop républicains, musele l’opposition politique et contrôle étroitement la presse. Dès l’été, le régime jette les bases d’une politique antisémite qui est concrétisée en octobre 1940 avec le « statut des Juifs ».
Le 24 octobre, Pétain rencontre Adolf Hitler à Montoire et annonce entrer « dans la voie de la collaboration » avec l’Allemagne.
Nouvelle histoire de Vichy, 1940-1945,Cointet Michèle,Fayard, 2011.
Une étude basée sur les archives publiques et privées qui présente les aspects politiques, idéologiques, diplomatiques et économiques du régime de Vichy, de juillet 1940 aux procès de ses responsables en 1945. L’auteur aborde notamment la relation avec les Allemands, les persécutions, l’administration, la vie quotidienne et la culture.

La chronique de Vichy : 1940-1944,Maurice Martin du Gard
Flammarion, 1948.

Penser l’évènement : 1940-1945,Pierre Laborie,Gallimard, 2019
L’historien propose une réflexion sur Vichy, l’Occupation, la Résistance tels que les Français les ont vécus au jour le jour, sans savoir de quoi les lendemains seraient faits. Cerner le fait même implique de déconstruire les idées fausses induites par les interprétations politiques et mémorielles de cette période.

La France de Vichy : 1940-1944,Paxton Robert O, Seuil, 1999.
Par un historien américain, une étude portant sur l’Etat français et ses rapports avec la population, durant toute la Seconde guerre mondiale.

L’armée de Vichy : le corps des officiers français, 1940-1944
Paxton, Robert Owen, Tallandier, 2003.
L’auteur s’attache ici à restituer l’état d’esprit des officiers français entre 1940 et 1944. La majorité adhéra au régime et à son neutralisme, tandis qu’une minorité agissante, tout en restant généralement fidèle à Pétain, prépara des moyens clandestins de mobilisation.

Le régime de Vichy, Rousso Henry, Puf, 2012
Histoire du régime de Vichy, de juillet 1940 à août 1944, et de la politique de collaboration de l’Etat français avec le IIIe Reich.

La police et gendarmerie françaises pendant l’Occupation.
À la suite de l’armistice du 22 juin 1940, et plus encore après l’entrevue entre Pétain et Hitler à Montoire le 24 octobre 1940, le régime de Vichy met en place une collaboration d’État avec l’occupant nazi. Dans le but incertain d’obtenir des compensations de la part des vainqueurs, l’ensemble de l’appareil administratif français et mis au service des Allemands, anticipant leurs souhaits et surenchérissant même parfois sur leurs demandes.
Dictionnaire de la collaboration, Broche, François, Belin, 2014
La collaboration : Vichy, Paris, Berlin. 1940-1945 Thomas Fontaine, Denis Peschanski Tallandier, 2018. Le 24 octobre 1940, sur le quai de la gare de Montoire, Pétain serre la main de Hitler. La France a fait le choix de la collaboration. Mais qui a intérêt à collaborer ? Les Français ou les Allemands ? Qui en sont les acteurs ? Quel rôle jouent les ultras ? Qui s’est enrichi ? Quelle est l’ampleur de la collaboration militaire ? Quel rôle a joué Vichy dans la déportation des Juifs de France et dans la répression de la Résistance ? à quel point, intellectuels et artistes se sont-ils compromis ? Près de 600 documents – affiches, rapports, lettres, journaux intimes, insignes, tracts, procès-verbaux, mains courantes, pièces à conviction, registres d’écrou, albums photographiques, objets, etc. – sont ici rassemblés et commentés, suivant une trame chronologique, de juin 1940 à avril 1945.

Les acteurs français de la répression : Les polices de vichy
Les forces de répression françaises et allemandes coopèrent surtout à partir de 1942 puisqu’elles traquent les mêmes adversaires. En effet, l’État français a fait de la lutte contre les communistes et, dans une moindre mesure, les gaullistes une de ses priorités. Les renseignements généraux de la Police parisienne (la Brigade spéciale ou BS) comme les services de renseignements de l’Armée d’Armistice (le Bureau des Menées antinationales ou BMA) se comportent comme des polices politiques. Les arrestations, les internements et les condamnations se multiplient contre les auteurs ou les porteurs de tracts ou de journaux interdits. Les condamnés se retrouvent en prison , condamnés à mort ou déportés ; les internés en camp le sont sur simples décisions administratives.
Police des temps noirs, Jean-Marc Berlière, Perrin, 2018.

Un dictionnaire présentant l’ensemble des forces de police et de gendarmerie sous le régime de Vichy, y compris les services de renseignement, les services d’ordre et les milices souvent officieuses. L’auteur aborde leur histoire, leur organisation, leurs missions, leurs effectifs, leurs armements, leur répartition géographique ainsi que leurs dissensions.

1940 : Vichy et les juifs
27 août : Loi abrogeant le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939 qui punissait l’injure raciale.
3 octobre : Premier « statut des juifs ». Les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l’armée, de l’enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma.
4 octobre : Une loi prévoit l’internement des juifs étrangers dans des camps.
20 octobre : Les juifs de la zone occupée doivent se faire recenser, c’est-à-dire donner leur identité et leur adresse aux autorités. En octobre 1940, Vichy adopte un statut des Juifs, illustrant l’antisémitisme d’Etat du nouveau régime. La découverte en 2010 du brouillon annoté de la main de Pétain montre la responsabilité du chef de l’Etat dans ce texte dès lors que ses annotations renforcent les dispositions de la version initiale, augmentent les professions interdites aux Juifs et suppriment les exceptions susceptibles de s’appliquer à ceux qui étaient présents en France depuis longtemps.

L Etat contre les Juifs : Vichy, les nazis et la persécution antisémite, 1940-1944,  Laurent Joly, Bernard Grasset, 2018 L’histoire de la persécution des Juifs sous l’Occupation s’attardant sur les idées reçues à travers des sources se situant au plus près du vécu des exécuteurs, des victimes et des témoins. Elle montre que, malgré la mobilisation de la puissance de l’Etat pour persécuter les Juifs, ses objectifs contradictoires et la Résistance ont permis à la majorité des Juifs de France de rester en vie.
 Vichy et les Juifs Michaël R. Marrus, Robert O. Paxton Calmann-Lévy, 2015
Cet ouvrage examine les étapes de la politique antisémite de Vichy, depuis la publication de leur statut en octobre 1940 jusqu’à la déportation de 75.000 hommes, femmes et enfants. L’attitude des principaux responsables est examinée : Pétain, Laval, Xavier Vallat, Darquier de Pellepoix, René Bousquet, etc., ainsi que les réactions de l’opinion, notamment les Eglises.

Premiers refus Affiches déchirées ou détournées, murs graffités : ainsi le graffiti sur la première affiche de propagande allemande de fin juin 1940, « Populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand », Réalisée et diffusée à grande échelle dès le début de l’Occupation, l’affiche Populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand ! constitue justement la première affiche éditée en France par le régime nazi dans le cadre de sa propagande. À ce titre, elle présente une valeur documentaire inappréciable, qui nous renseigne sur la politique de diffusion idéologique que le IIIe Reich entend mettre en oeuvre pour conserver et organiser son nouveau pouvoir en France. Hautement significative, elle permet aussi de mesurer les changements survenus dès les premiers jours de la défaite. Le graffiti « Et quoi encore ? EC. 1940 » Qui lui a été ajouté pose quant à lui la question de la réaction de la population française à ce nouvel état de fait. Alexandre SUMPF, « La propagande allemande », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 28 novembre 2019. URL : http://www.histoire-image.org/etudes/propagande-allemande

Les refus du 17 juin 1940
Jean Moulin, un préfet au coeur de l’exode
Premier combat (journal posthume),Moulin, Jean,Ed. de Minuit, 1947
En mai 1940, au moment de l’invasion du territoire français par les troupes allemandes, Jean Moulin est préfet d’Eure-et-Loire.Dans la ville de Chartres vidée de la quasi-totalité de ses habitants, il organise avec une poignée de volontaires l’accueil des réfugiés, toujours plus nombreux à partir de début juin, ainsi que le ravitaillement de la ville, veille à ce que les blessés soient soignés et les morts enterrés, et assure contre vents et marées le bon fonctionnement des services publics. Il raconte également son refus, malgré la pression allemande, de signer un document accusant des tirailleurs sénégalais de l’armée française d’avoir massacré des civils, victimes en fait de bombardements ennemis. Redoutant de céder aux brutalités allemandes, il tente de se donner la mort. Premier combat est le témoignage d’un homme, animé par un sens aigu du devoir et de l’honneur, qui s’oppose à l’occupant sans être encore un résistant.

« Pendant sept heures j’ai été mis à la torture physiquement et moralement. Je sais qu’aujourd’hui je suis allé jusqu’à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirai par signer. [...] Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l’armée française et me déshonorer moi-même. Tout plutôt que cela, tout, même la mort. [...] Mon devoir est tout tracé. Les boches verront qu’un Français aussi est capable de se saborder... [...] pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels [...]. » Jean Moulin, Premier Combat, 1947 Les Éditions de Minuit. Édition originale de « Premier combat » de Jean Moulin, journal rédigé en décembre 1941 sur les événements de juin 1940 à la Préfecture de Chartres et publié par Laure Moulin en 1947 aux Éditions de Minuit.

Le 17 juin 1940, Jean Moulin, préfet de Chartres demeuré à son poste à l’arrivée des forces ennemies – l’un des seuls préfets des départements envahis à l’avoir fait –, est brutalisé à plusieurs reprises par des officiers allemands, parce qu’il refuse de signer un protocole mensonger rendant des tirailleurs sénégalais de l’armée française responsables du viol et du massacre de femmes et d’enfants (tués en fait par des bombes de l’aviation allemande). Dans la nuit, enfermé aux côtés d’un tirailleur prisonnier, il tente de se suicider.

Charles Tillon  : « Unissez-vous dans l’action ! » À Bordeaux, Charles Tillon prend l’initiative de diffuser aussi un tract, qu’il signe au nom du Parti communiste : « Le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère, du fascisme. Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre : uni, il sera la force. […] Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l’action ! ».
L’appel : "Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France. Ils ont tout trahi. Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent Pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme. Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme. Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre : uni, il sera la force. Pour l’arrestation immédiate des traîtres Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes. Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION !"
Charles Tillon, Gradignan, 17 juin 1940
Edmond Michelet : « Celui qui ne se rend pas est mon homme » Le même jour encore, Edmond Michelet appelle à la résistance dans un tract citant Charles Péguy et qu’il distribue dans des boîtes aux lettres à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) : « Celui qui ne se rend pas à raison contre celui qui se rend. […] En temps de guerre, celui qui ne se rend pas est mon homme quel qu’il soit, d’où qu’il vienne et quel que soit son parti. » Des réactions individuelles  Premiers sabotages : Étienne Achavanne, arrêté à Rouen fin juin 1940 et fusillé le 6 juillet (voir « Résistance et Libération de juin 1940 à septembre 1944 », d’Alain Alexandre, Agglomération de Rouen, 2004, p. 6-7) – Personnalité oubliée, Etienne Achavanne sort de l’anonymat à l’occasion du cinquantième anniversaire des événements de 1940. Arrêté pour s’être livré à une action de sabotage au tout premier jour de l’occupation, condamné à mort et exécuté le 4 juillet 1940, il est chronologiquement le premier fusillé pour fait de Résistance en France occupée.  Le 11 novembre 1940. Célébrer la victoire sur l’Allemagne Dans les premiers jours de novembre 1940,.les lycéens et étudiants communistes dénoncent l’arrestation du professeur Langevin, physicien réputé et fondateur en 1934 du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Un rassemblement est organisé devant le Collège de France le 8 novembre. Dans les lycées, un appel à manifester le 11 novembre circule. En parallèle, à la BBC, la France libre invite la population parisienne à commémorer la victoire de 1918. Le 10 novembre, la préfecture de police de Paris publie un communiqué stipulant que, le 11 novembre, « les cérémonies commémoratives n’auront pas lieu. Aucune démonstration publique ne sera tolérée. »

Des Français viennent fleurir la tombe du Soldat inconnu le 11 novembre 1940 (Musée de la Résistance nationale, fonds Le Matin). L’Occupant refuse qu’on commémore sa défaite en 1918. Les recueillements individuels étant cependant tolérés, des Parisiens viennent jusqu’à l’Arc de Triomphe pour déposer des fleurs en hommage aux morts de la Grande Guerre dans la matinée du 11 novembre 1940. C’est cet hommage solennel et intime que saisit le photographe du journal Le Matin. La foule n’est pas nombreuse, la retenue est de mise, la police reste en retrait. Dans l’après-midi, la situation change. Par petits groupes, des lycéens et des étudiants circulent sur les Champs-Élysées et progressent vers la place de l’Étoile. On chante La Marseillaise, interdite en zone occupée, on crie « Vive de Gaulle », on lance des slogans hostiles à l’Occupant et à Pétain. La statue de Georges Clemenceau est fleurie, mais les gerbes disparaissent. Des croix de Lorraine sont fièrement arborées, des rubans et des drapeaux tricolores apparaissent. La police française intervient pour rétablir l’ordre. Les soldats allemands présents en fin de journée tirent des coups de feu pour disperser les manifestants. Plus d’une centaine sont arrêtés. Distribution de tracts : ainsi Conseils à l’Occupé de Jean Texcier, juillet 1940. « Après la débâcle, dès le 2 juillet 1940, de retour à Paris et découvrant les occupants allemands, choqué par leur présence et par ce qu’il ressent comme de l’égarement dans l’attitude des Parisiens, Jean Texcier se met immédiatement à la rédaction d’un " petit manuel de dignité ", Les Conseils à l’Occupé. Au nombre de 33, ces conseils sont destinés à guider le comportement des Français dans cette situation d’occupation. L’une des toutes premières brochures clandestines, ces Conseils à l’occupé appartiennent en effet à ces premiers tracts spontanés clandestins, caractéristiques des débuts de l’Occupation, et qui prennent diverses formes : prophéties, prières, pastiches de poèmes, commandements. »
« Résister », recouvre l’idée de « s’opposer à quelqu’un, à sa volonté », « de se heurter à ce que l’on n’approuve pas », en s’engageant, parfois par la force. Il s’agit aussi de « supporter avec succès des contraintes extrêmes, physiques et morales » et de « lutter pour ne pas succomber à ce qui attire et séduit. » De façon générale, alors qu’il est souvent plus facile et moins risqué de suivre le sens du courant, les premiers résistants ont au contraire décidé de s’opposer et de lutter, dans un contexte particulièrement dangereux et violent. Ils ne se sont pas laissé « attirer et séduire » par les promesses et les opportunités offertes par le Régime de Vichy à ceux qui adhéraient à lui, ils ne se sont pas non plus laissé effrayer et réduire au silence. Ils ont pris position en refusant, ils ont agi en résistant. Comment s’est fait le basculement entre la prise de conscience et l’action ? Quels moyens ont été choisis, mais aussi quel théâtre d’opération : fallait-il partir à Londres ou rester en France ? CNRD 2020 du Musée de la Résistance de la Haute-Garonne 1940-Partir pour résister la « France Libre » La « France Libre » est en fait la structure à partir de laquelle de Gaulle va créer une nouvelle armée. Après l’appel du 18 juin 1940, Charles de Gaulle est officiellement reconnu comme chef de la « France Libre » le 28 juin 1940 par la Grande-Bretagne de Winston Churchill. Cette reconnaissance lui offre une légitimité mais surtout des moyens financiers. Le 11 juillet, de Gaulle qui considère que le nouveau régime de Vichy est « illégitime, nul et non avenu », forme le « Gouvernement de défense de l’empire et de la France libre ». Les forces armées ralliées à la « France Libre » sont appelées « Forces Françaises Libres » (FFL). En juillet 1940, les Français Libres sont moins de 7 000, mais les effectifs augmentent grâce au ralliement de plusieurs colonies africaines, océaniennes et asiatiques qui refusent d’obéir à Pétain : Nouvelles-Hébrides (22 juillet), Tchad (26 août), Cameroun Français (27 août), Congo (28 août), Oubangui-Chari (RCA, 31 août), Etablissements français de l’Inde (7 septembre), Etablissements Français de l’Océanie (9 septembre) et Nouvelle-Calédonie (24 septembre). Malgré cette aide venue des territoires d’outremer, et le renfort supplémentaire de militaires français (les généraux Lamirat et de Hautecloque par exemple), de rares civils évadés de France, de marins en escale et de Français vivant à l’étranger, en décembre 1940, les Forces Françaises Libres ne comptent encore que 27 000 hommes, 24 navires et une centaine d’avions. CNRD 2020 du Musée de la Résistance de la Haute-Garonne

Atlas de la France libre : de Gaulle et la France libre, une aventure politique Albertelli Sébastien Autrement, 2010.


Histoire de l’action politique, administrative, militaire, clandestine, etc., de la France libre à travers le monde pendant la Seconde Guerre mondiale.


Dictionnaire de la France libre sous la direction de François Broche.... R. Laffont, 2010.(Bouquins). Comportant près de 1.350 entrées, ce dictionnaire à la fois thématique, biographique et mémoriel rassemble les multiples facettes qui composent la France libre. Malgré ses moyens modestes, elle a progressivement réussi à incarner la France, tant sur les aspects de la vie nationale que vis-à-vis de la Résistance extérieure. L’ouvrage traite également de sa dimension coloniale, souvent oubliée.
La France libre : de l’appel du 18 juin à la Libération, 2 Volumes Crémieux-Brilhac Jean-Louis Gallimard, 2014


L’auteur, secrétaire du comité de propagande de la France libre, cinquante ans plus tard, revient sur ce qui a été la grande affaire de sa vie pour tenter, en historien, une lecture dépassionnée des événements.


Les services secrets de la France libre : le bras armé du général de Gaulle Albertelli Sébastien, préface de Daniel Cordier Nouveau Monde éditions, 2012 Quand, en 1940, l’armistice est signée, continuer la guerre est un pari audacieux alors que les moyens humains, financiers et matériels manquent. La création du Bureau central de renseignements et d’action est créé à Londres par le colonel Passy pour recueillir les informations sur ce qui se passe en France, soutenir les résistants puis leur imposer une tutelle souvent mal acceptée. Bibliothèque Léon Deubel : Adultes, 940.531 7 ALB
FOCUS L’appel du 18 juin Après la capitulation de l’armée française, le général Charles de Gaulle refuse l’armistice et part en Angleterre, pays allié qui poursuit la guerre contre l’Allemagne. Le 18 juin 1940, le lendemain du message radio du maréchal Pétain, de Gaulle obtient l’autorisation du gouvernement britannique pour lancer un appel depuis la BBC de Londres. Il affirme que si la bataille de France est perdue, la guerre mondiale continue grâce aux alliés et aux troupes françaises des colonies d’Afrique et d’Asie. Il demande donc aux Français de le rejoindre en Angleterre pour poursuivre ce combat. Cet appel est complété par plusieurs autres les jours et les semaines qui suivent, pour atteindre un maximum d’auditeurs et pour remotiver la population face à une actualité désastreuse pour la France et l’Europe. Mais en réalité, ils sont peu nombreux à avoir réellement entendu ce premier discours. Seulement 5 millions de foyers sont équipés de postes radio, et le quart de la population est prisonnière, encore sous les drapeaux ou sur les routes de l’exode. Certains journaux régionaux signalent malgré tout cet appel à la résistance d’un général alors peu connu du public.
L’appel du 18 juin : et les appels du général de Gaulle des mois de juin et juillet 1940 Présentés par Jean-Louis Crémieux-Brilhac Armand Colin, 2010


J.-L. Crémieux-Brilhac replace dans son contexte et analyse la portée de l’Appel du 18 juin prononcé, à la BBC, par le général de Gaulle réagissant à la déroute française de 1940 et à la demande d’armistice du maréchal Pétain. Ce discours exhorte le peuple français à poursuivre la lutte. L’ouvrage rassemble les discours prononcés par C. de Gaulle et P. Pétain en juin et juillet 1940.


Mémoires de guerre : L’appel (1940-1942), L’unité (1942-1944), Le salut (1944-1946) Charles de Gaulle Plon, 1999.


Le journal du général de Gaulle pendant la Deuxième Guerre mondiale. « La première chose à faire était de hisser les couleurs. La radio s’offrait pour cela. Dès l’après-midi du 17 juin, j’exposai mes intentions à M. Winston Churchill. Naufragé de la désolation sur les rivages de l’Angleterre, qu’aurais-je pu faire sans son concours ? Il me le donna tout de suite et mit, pour commencer, la BBC à ma disposition. Nous convînmes que je l’utiliserais lorsque le gouvernement Pétain aurait demandé l’armistice. Or, dans la soirée même, on apprit qu’il l’avait fait. Le lendemain, à 18 heures, je lus au micro le texte que l’on connaît. À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. À quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries. »
1940 Partir pour Résister : les Français libres


« Est considéré comme Français libre tout individu qui a rejoint à titre individuel ou en unité constituée volontaire une unité régulière reconnaissant l’autorité du général de Gaulle ou un mouvement de la Résistance intérieure relevant de son autorité, signant un engagement valable pour la durée de la guerre avant le 1er août 1943. À partir de cette date, la totalité de l’Empire français est officiellement rentré en guerre et les engagements n’ont plus été le fait des volontés individuelles mais de la mobilisation. Il fallait avant tout, pour ces volontaires, libérer la France et laver l’humiliation de la défaite. L’indépendance de la France est la motivation la plus souvent avancée, suivie de la volonté de laver l’humiliation de la défaite, bien avant la lutte contre le fascisme et le nazisme ou le salut de la république et de la démocratie. »
http://cheminsdememoire.gouv.fr/fr/qui-etaient-les-francais-libres
La 1ère DFL : épopée d’une reconquête. Juin 1940 - mai 1945
Arts et métiers graphiques, 1946
"Si l’on a pu dire que la France n’a jamais cessé de se battre, si De Gaulle a pu mener et justifier son action au lieu de passer pour un prophète solitaire et clamant dans le désert, si les Français opprimés de la métropole ont repris courage, évité la soumission, saboté la collaboration, si les Alliés ont pu disposer très vite d’une vaste zone de sécurité et des bases aériennes et navales en Afrique et créer une route d’étapes Amériques- Point Noire - Le Tchad- Le Caire -Moyen-Orient (...), si l’on a pu croire et faire croire que l’heure de la résurrection viendrait, c’est parce que tous ces gens de la 1e D.F.L, si dissemblables par les races, les religions, les langues même, furent rassemblés sous le signe de la Croix de Lorraine, mus par un esprit de corps à nul autre pareil, et une mystique faite d’indépendance et de foi, inspirés par de Larminat, dirigés par Koenig et entraînés par Brosset ."Je maintiendrai. Préface du livre "1e D.F.L, épopée d’une reconquête".

1.061 compagnons : histoire des compagnons de la Libération Notin Jean-Christophe Perrin, 2000


L’ordre la Libération a été créé à la fin de l’année 40 par le général de Gaulle afin de récompenser les plus valeureux soldats de la France libre et de la Résistance. Il relate le parcours des 1.061 compagnons : l’histoire quotidienne, les faits d’armes de la 2e DB et de la 1re DFL, des commandos Kieffer et des SAS français, des réseaux de Résistance...

Les rebelles de l’an 40 : les premiers Français libres racontent Benamou Georges-Marc Robert .Laffont, 2012


Une rencontre avec les premiers résistants des années 1940, pour mettre au jour les ressorts intimes de leur engagement. Ils racontent leur combat, leurs rapports avec de Gaulle, leurs ambitions, leurs rivalités, leurs peines. Ces témoignages sont complétés par des documents inédits, parmi lesquels figurent des lettres et des journaux intimes.


Des hommes libres 1940-1945 : Histoire de la France libre par ceux qui l’ont faite Rondeau Daniel Grasset Et Fasquelle,1998 Parce qu’ils avaient une certaine idée de la France, des jeunes gens ont un jour de l’été 40 quitté leur pays décomposé par la défaite et sont devenus des irréguliers. Roger Stéphane avait recueilli au début des années 60 plusieurs dizaines de témoignages de ces hommes entrés parmi les premiers dans l’Aventure en juin 40, plus souvent d’ailleurs le 17, dans l’écoeurement du discours de Pétain, que le 18, jour de l’Appel du général de Gaulle.


Les Français libres et le monde : actes du colloque international au musée de l’Armée : 22 et 23 novembre 2013 sous la direction de Sylvain Cornil-Frerrot et Philippe Oulmont Fondation de la France libre, Nouveau Monde éditions , 2015 Une étude des relations internationales de la France libre et de ses négociations, du réseau international, de la conférence de Brazzaville et de la politique coloniale, de l’Union française après 1945, de l’influence du mouvement sur les diplomaties des IVe et Ve Républiques, ainsi que de personnalités emblématiques telles que J. Foccart, J. Soustelle, P. Messmer ou R. Cassin.
Parcours de français libres
Espoir n°161, été 2010. François Flohic, École navale des Forces Françaises Libres, évadé de France […]
« Je ne puis accepter que l’ennemi occupe mon pays, de surcroît un ennemi dont je connais par Mein Kampf le sort que les nationaux-socialistes réservent à l’Europe. Ma résolution aussitôt prise, approuvée par mes parents, est de gagner l’Angleterre pour m’engager dans la Royal Navy. Le 18 au matin les avant-gardes allemandes sont à Saint-Brieuc. Le port de Paimpol est rempli de chalutiers qui ont reflué le long des côtes. Par chance, inscrit marine provisoire, je peux m’embarquer sur l’Albert Faroult, bateaupilote de la basse-Seine. Appareillage à la marée du soir par un temps exceptionnellement beau. Le 19 dans la matinée, son commandant débarque à Falmouth son encombrante cargaison d’étudiants. Ce sont encore des ralliés que les Anglais installent dans les hôtels du front de mer. Grande est leur surprise d’apprendre par la presse qu’un certain général de Gaulle a lancé la veille, à Londres, son appel à la poursuite du combat et à le rejoindre. Nous pensons tous que ce général a pris ce nom de guerre pour le combat qu’il vient d’entreprendre. Il n’est plus question de m’engager dans la Royal Navy dès l’instant qu’un général français hisse les couleurs de la Résistance. Je le rejoindrai dès que je pourrai. Le 24 juin, le maréchal Pétain ayant signé l’armistice, il importe pour les autorités britanniques de s’assurer de nos identités et de nos intentions. Conduits à Londres sous escorte policière discrète, nous nous retrouvons à Camberwell Institution dans la banlieue sud-est, soumis à interrogatoires répétitifs.

Le 1 er juillet, en fin libre dans l’Olympia Hall, je signe mon engagement dans les Forces Françaises Libres, section marine. Dirigé sur Portsmouth avec mes camarades, je me retrouve sur le vieux cuirassé Courbet amarré dans les vasières du fond de la rade. L’aventure exaltante et dangereuse de la France Libre commence pour nous. Elle va nous mener à la libération de la France et à sa Victoire. »
 Combattant de la France libre, Boris Jean-Mathieu, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Perrin, 2013
Témoignage d’un Français qui a répondu à l’appel du Général en juin 1940. Aspirant puis sous-lieutenant, il combat en Afrique du Nord à Bir Hakeim et El Alamein puis en France et en Allemagne. Son histoire est celle des combattants courageux de la France libre. Prix littéraire de la Résistance 2012.

Jean-Louis Crémieux-Brilhac (1917-2015)
Né dans une famille bourgeoise juive, il devient, alors qu’il est encore étudiant à la Sorbonne, le plus jeune adhérent du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940. Transféré dans un Stalag dans l’Est de l’Allemagne, il parvient à s’évader en janvier 1941 et réussit à gagner l’URSS. Internés avec 200 autres Français évadés, il n’est libéré qu’après l’attaque allemande contre l’URSS et peut rejoindre la Grande-Bretagne avec 185 camarades. Il se rallie à la France libre à son arrivée en septembre, sous le pseudo de Brilhac. Il se prépare à l’action militaire mais est affecté en 1942 au commissariat national à l’Intérieur à Londres. Il devient secrétaire du Comité exécutif de propagande et chef du service de diffusion clandestine de la France libre jusqu’en août 1944. À la Libération, il cofonde la Documentation française. À sa retraite, il s’impose comme l’historien de référence de la France libre. »« Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Itinéraire d’un engagement », ministère de la Défense/Chemins de mémoire
L’étrange victoire : de la défense de la République à la libération de la France, Crémieux-Brilhac Jean-Louis, présentation de Pierre Nora, Gallimard, 2016.
Récit posthume de l’engagement dans la Résistance de J.-L. Crémieux-Brilhac, comme secrétaire à la propagande de la France Libre, suite à la reddition de la France en 1940. Avec trois de ses articles : La France Libre et les Juifs ; Vichy et les Juifs ; De Gaulle et Mendès-France.

René Cassin
Les Hommes partis de rien : le réveil de la France abattue, 1940-41, René Cassin, Plon,1974

Jean-Jacques Demorest, cadet de la France Libre 1940.
« Était-ce le 8, 9 ou 10 juin ? Je ne me souviens plus. En tout cas, bien après le passage de Churchill à Tours. Il faisait très beau à Columbus et je traversais le campus de l’Ohio State University où enseignait mon père, et où j’avais récemment obtenu Licence et Maîtrise d’Histoire en attendant de rejoindre Princeton en vue du doctorat. Il était midi. On venait de me communiquer les nouvelles du front, et je reconnaissais enfin que nous étions battus, la France humiliée. Le dernier espoir gisait parmi les morts. Secoué de larmes, je ne pouvais avancer. Là, debout, immobile, seul sur cette immense pelouse tondue, j’ai pleuré comme jamais plus je n’ai pleuré. Que faire ? Vers le 26 juin, j’ai reçu de France la lettre d’une copine d’été. Son message n’était ni triste ni désespéré. Elle m’y parlait d’un certain général de Gaulle et de son Appel du 18 juin et me demandait si je partageais sa conviction du devoir de poursuivre la guerre. Avant de répondre, j’ai dépouillé la presse et découvert en effet que des journaux de New York avait rendu compte d’un Appel et de son auteur. Ma décision est prise, je vais rallier de Gaulle.. […] ».
Daniel Cordier
« Étudiant proche l’Action française, organisation nationaliste et antirépublicaine, Daniel Cordier refuse l’armistice et veut poursuivre la lutte. Parti pour l’Algérie, il se retrouve finalement en Angleterre en juin 1940 et rallie immédiatement les Forces françaises libres. Entré au BCRA, il est parachuté en France en juin 1942 et entre au service de Jean Moulin dont il dirige le secrétariat clandestin à Lyon puis à Paris.
https://www.musee-resistance.com/wp-content/uploads/2017/10/MRN-Resistance_CNRD-2017-2018_web.pdf
Alias Caracalla, Cordier, Daniel, Gallimard, 2009
Bibliothèque Léon Deubel : Adultes,944.081 7 COR
Alias Caracalla, au coeur de la Résistance, plateforme pour les enseignants autour du téléfilm d’Alain Tasma (2013), avec un dossier d’accompagnement pédagogique (fiches pédagogiques, notamment sur l’évolution politique de Daniel Cordier et sa découverte des idéaux républicains de la Résistance) -URL : http://www.cndp.fr/AliasCaracalla
Honoré d’Estienne d’Orves (1901-1941)
« Né dans une famille d’aristocrates catholiques, il devient militaire de carrière dans la Marine. En juillet 1940, il décide de quitter Alexandrie, en Égypte, où son escadre a été désarmée, pour rejoindre les Forces françaises libres. Arrivé à Londres en septembre, il devient le chef du 2e bureau des Forces navales françaises libres, puis du 2e bureau de l’état-major des Forces françaises libres. Voulant agir sur le terrain, il demande à être envoyé en France. En décembre, il débarque en Bretagne et met en place le réseau Nemrod. Trahi par son radio, il est arrêté dès janvier 1941.Condamné à mort en mai avec huit autres membres de son réseau, il est exécuté au Mont-Valérien le 29 août avec Maurice Barlier et Jan Doornik, autres membres fondateurs de Nemrod. »
https://www.musee-resistance.com/wp-content/uploads/2017/10/MRN-Resistance_CNRD-2017-2018_web.pdf

Vie exemplaire du commandant d’Estienne d’Orves : papiers, carnets et lettres, Orves Estienne d’,Famot, 1978

Le Colonel Passy
Le Colonel Passy et les services secrets de la France libre
Perrier, Guy, Hachette, 1999

Les débuts des services secrets de la France libre
Lorsque le général de Gaulle me confia la charge des 2e et 3e bureaux de son état-major, j’ignorais absolument ce que j’aurais à faire. […] Le 2e bureau devait en réalité être, dès la première heure, un service de renseignements. Le rôle d’un 2e bureau est de préparer pour l’état-major une synthèse des informations à l’aide de laquelle sont prises les décisions relatives aux opérations militaires. Or, la France Libre, n’ayant pas de moyens, eût été fort embarrassée pour monter des opérations. Un service de renseignements, lui, a pour mission de se procurer par tous les moyens, les informations qu’il passe ensuite, pour exploitation, au 2e bureau. Et c’est bien ce que fut notre rôle lorsque nous recherchâmes, tant en France qu’en Afrique du Nord, tout ce qui pouvait intéresser l’état-major interallié. […] Ayant, de mon côté, vu de Gaulle, et l’ayant prié de me procurer des moyens de transmission et des fonds, je n’obtins pour toute réponse que : « Je n’en ai pas. Débrouillez-vous ! » Extraits de Colonel Passy [André Dewavrin], Mémoires du chef des services secrets de la France libre, Éditions Odile Jacob, 2001, pages 76-77
Ciel d espérance : l’aviation française libre, 1940-1943 : biographie de Marcel Finance, Hérimoncourtois, compagnon de la Libération
Club histoire du Collège d’Hérimoncourt...
Collège des quatre-terres (Hérimoncourt, Doubs) , 1982

Gilbert Renault, dit Rémy (1904-1984)
Producteur de cinéma dans les années 1930, proche de l’extrême-droite, il rejoint l’Angleterre à l’annonce de l’armistice, s’engage dans les FFL et intègre le service de renseignement de la France libre. Envoyé en France dès août 1940, il crée le réseau Confrérie Notre-Dame (CND), qui devient un des plus importants en France occupée. Il contribue à la création d’autres réseaux, en liaison avec des mouvements de résistance (Libération-Nord, OCM, CDLR.

Rémy : l’agent secret n° 1 de la France libre, Perrier, Guy
Perrin, 2001

Une Française libre : journal 1939-1945, Torrès Tereska, Phebus, 2007
Le journal de guerre d’une jeune fille de 19 ans. Le lendemain de son bac, elle suit de Gaulle à Londres et raconte, pendant quatre ans tout ce qu’elle voit. Sans rien cacher, ni se cacher.

Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc (1902-1947)
« Officier très prometteur, alternant les missions sur le terrain, notamment au Maroc, et les postes d’instructeur à Saint-Cyr, il entre à l’École de guerre en 1938, qu’il quitte pour rejoindre le front en 1939. Lors des combats de 1940, il est fait prisonnier et s’évade à deux reprises. A l’annonce de l’Armistice, il décide de rejoindre l’Angleterre par l’Espagne. Il se met au service du général de Gaulle sous le pseudonyme de Leclerc. Il est envoyé en Afrique où il parvient à rallier le Cameroun, le Gabon puis le Tchad à la France libre. En 1941-1942, devenu colonel puis général, il réussit à mener avec des moyens limités des expéditions victorieuses contre les Italiens au travers du Sahara. À Koufra, il fait jurer à ses soldats de combattre jusqu’à la libération de Strasbourg . »


Leclerc, Notin, Jean-Christophe, Perrin,2005
Une biographie du général Leclerc qui s’appuie sur des dizaines de documents inédits de proches et centres d’archives français, anglais, américains et allemands encore jamais consultés. Loin de l’image du génie, du saint ou du visionnaire, Leclerc est présenté à travers ses faiblesses et ses contradictions.

« Ils venaient un à un, individuellement – et je souligne ce mot, car c’est peut-être ce qui caractérisait le plus fortement ces hommes libres. Vous étiez, camarades, si différents les uns les autres, mais tous marqués par ce qu’il y a de plus français dans notre vocabulaire – individuellement, personnellement – et tout ce qui, depuis le début de son histoire, caractérisait ce pays fait à la main se retrouvait dans notre esprit d’artisans de la dignité humaine. Pour devenir des Français Libres, vous voliez des avions, traversiez la Manche en kayak et les océans dans les soutes à charbon : Colcanap, 16 ans, que de Gaulle envoya au lycée (1), commandant Lanusse, qui traversa le Sahara à pied, partant de Zinder pour aboutir au Cameroun, Gratien, évadé trois fois de prison à Pau où l’on avait fini par garder ses chaussures et qui franchit les Pyrénées pieds nus… Si cette époque avait le goût d’écouter autre chose que Schmilblic, Ploom, et Prout-prout, je pourrai vous chanter tous leurs noms, ils sont gravés en moi, mais je me garderai bien de les jeter en pâture à cet immense Bon Marché bon marché que ce monde est devenu. Allez donc adorer votre lélodu, vos idoles « idoles de la chanson » et vos restaurants trois étoiles – les seules étoiles qui vous guident – mes copains morts et vous autres, vous n’êtes pas du même pays. ».
Romain Gary 24 Août 1970 (1) Ou plus exactement, au Prytanée Militaire de la France Libre (N.D.L.R.) Extrait de la Revue de la France Libre, n° 187, octobre 1970.


1940-Résister sur le sol français, « faire quelque chose » Avis de condamnation à mort de résistants bretons, 12 avril 1941 (Musée de la Résistance nationale). « Face à la répression, les premiers résistants ne restent pas sans réaction mais ils s’exposent du fait de leur manque d’expérience. Les individus isolés mus par l’envie de faire quelque chose n’ont pas forcément conscience des risques qu’ils prennent et ne cherchent pas toujours à agir discrètement. Les premiers collectifs qui se constituent manquent parfois de prudence mais ils atténuent plus ou moins volontairement le problème en recrutant dans des cercles limités et connus : familles, amis, collègues de travail, militants du même parti, du même syndicat, de la même association. Le danger augmente avec la nécessité de trouver des relais et d’accroître les effectifs, ce qui multiplie les risques d’imprudence et facilite les infiltrations d’agents ennemis. L’éditorial du numéro 1 de Résistance met en garde ses lecteurs : « Pratiquez une discipline inflexible, une prudence constante, une discrétion absolue. Méfiez-vous des inconséquents, des bavards, des traîtres. Ne vous vantez jamais, ne vous confiez pas. Efforcez-vous de faire face à vos besoins propres. » www.musee-resistance.com/cnrd 31 Note concernant l’arrestation de résistants communistes de la région de Montluçon, janvier 1941 (Musée de la Résistance nationale).
Dictionnaire amoureux de la Résistance
Perrault Gilles
Plon, 2014.
G. Perrault rend hommage à celles et ceux qui, connus ou non, ont mis leur vie en danger pour sauver la France : Jean Moulin, Lucie et Raymond Aubrac, Berty Albrecht, Simone-Michel Lévy, Véra Obolonsky... Il raconte ce qu’il a vécu enfant, l’importance de la radio et ses parents actifs auprès du SOE (Direction des opérations spéciales).

Dictionnaire historique de la Résistance : Résistance intérieure et France libre sous la direction de François Marcot, R. Laffont, 2006.-(Bouquins)


Regroupe 1.000 entrées sur les acteurs, les territoires, les mouvements et les réseaux, les organisations civiles et militaires, les actions et les combats de la Résistance intérieure et de la France libre. Excellent ouvrage, avec de multiples entrées : acteurs et territoires, événements et actions, « les résistants, leur temps et le nôtre ».

Ce livre recense les grands acteurs de la Résistance, détaille les mouvements (Ex : "Vengeance", actif dans le Cher ) et les réseaux. Il présente une sociologie de la Résistance : quelles catégories socio-professionnelles ? Les jeunes ? Les femmes ? Il fait le point sur la répression. Bref, un ouvrage quasi exhaustif, le point de départ pour qui "débute" sur la Résistance.
Résistants, Belin, 2015
« L’histoire de la Résistance française entre 1940 et 1945 se nourrit de celles d’hommes et de femmes, illustres ou anonymes, qui ont refusé, protesté, protégé, combattu... qui, par leurs actes, ont résisté à l’Occupant allemand et au régime collaborateur de Vichy. Cette histoire de la Résistance a pris corps au fil de leurs actions, uniques ou quotidiennes, isolées ou collectives, anodines ou spectaculaires. Ainsi du concierge Paul Barabé qui, en un geste réflexe lors d’une perquisition de son immeuble, sauve du démantèlement tout un réseau de Résistance. Ainsi de l’unificateur de la Résistance intérieure Jean Moulin qui, après son arrestation, défie encore ses bourreaux par son silence. Ainsi des résistants Marcel et Simone Bontemps qui, lors des combats de la Libération, organisent le spectaculaire vol d’une automitrailleuse Renault pour la livrer aux maquisards...Pour la première fois, un ouvrage sur la Résistance croise grande histoire et récits de vie, qu’illustrent des documents exceptionnels et inédits issus pour l’essentiel du fonds du Musée de la Résistance nationale. »

Les résistants : l’histoire de ceux qui refusèrent ; En collaboration avec Robert Belot et Bénédicte Vergez-Chaignon, Paris, Larousse, 2003.
Retrace les grandes étapes de la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale : les figures célèbres (Jean Moulin, les époux Aubrac...) et les anonymes, les faits marquants, les différents modes d’action, etc. Avec des dossiers thématiques sur les parachutages, les grands centres de résistance.

La lutte clandestine : une histoire de la Resistance 1940-1944
Sébastien Albertelli, Julien Blanc , Laurent Douzou, Seuil, 2019

« Premiers pas, premiers revers, premiers groupes, premiers contacts La première partie, « Inventer la Résistance (Juin 1940 – Eté 1941) » est celle qui nous a semblé être la plus nouvelle. Après la « foudroyante et humiliante défaite » qui laisse un « peuple littéralement sidéré », après « l’effondrement qui l’a accompagnée et suivie », alors que Pétain « incarne, aux yeux de l’écrasante majorité de la population, le désintéressement, le courage et la résolution », surgissent les premiers refus, les initiatives pionnières, de celles et de ceux qui trouvent la force de « s’arracher à l’abattement ambiant » et de « faire quelque chose », agir sur place ou partir pour l’Angleterre. Cette partie analyse les premières actions et les facteurs qui ont conduit aux engagements, présente de nombreux acteurs, effectue des nuances en fonction de la zone du territoire français où se trouvent ces acteurs : « les processus qui conduisent, pas après pas, de la révolte des consciences aux premières formes d’actions collectives ne sont pas identiques partout ». Un chapitre d’une grand finesse et originalité montre les leçons des premiers échecs : « Ces trajectoires brisées rappellent combien le choix de la désobéissance constitue dès 1940, un pari dangereux. Au demeurant, les tâtonnements et les erreurs des premiers résistants constituent à bien des égards un passage obligé dans le processus d’invention qui caractérise toute l’histoire de ce qu’on devait seulement plus tard appeler la Résistance. »

La répression frappe très vite et très durement, surtout en zone Nord, mais elle a « ceci de paradoxal que, tout en décimant les groupes, elle contribue à forger graduellement un légendaire qui peut susciter l’admiration et, sans doute, des vocations ». La Résistance est donc née très tôt, dès l’été 1940. En juin 1941, le Parti communiste entre dans la mêlée et déclenche la lutte armée, ce qui renforce la répression, allemande et vichyste. Dans l’opinion, l’attentisme reste majoritaire, « un attentisme de refuge, de repli, de distance » et pas encore « un attentisme de soutien complice aux actions de la Résistance », selon les expressions de Pierre Laborie. Une nouvelle génération de journaux clandestins voit le jour, tandis que les contacts entre la France libre et la Résistance intérieure se concrétisent. » https://clio-cr.clionautes.org/la-lutte-clandestine-en-france-une-histoire-de-la-resistance-1940-1944.html

Résistance expliquée à mes petits-enfants, Aubrac Lucie, Ed. du Seuil, 2000.
Instrument d’éducation civique, l’ouvrage répond à l’attente du jeune lecteur désireux de s’initier à cet épisode de l’histoire contemporaine.

Paroles de résistants, Belot Robert ; préface de Maurice Cordier Berg, 2001
L’engagement des résistants a longtemps été négligé par l’historiographie française. La résistance est entrée dans un processus de mythification, valorisant les figures emblématiques au détriment des acteurs anonymes, popularisant la vision d’une France unie et héroïque. Cet ouvrage, à travers journaux intimes, correspondances et carnets de route, rend accessible la parole vive des résistants.

Comment sont-ils devenus résistants ? : une nouvelle histoire de la Résistance, 1940-1945, Gildea Robert, Les arènes, 2017
Cet ouvrage présente la diversité des résistants durant l’Occupation en France pendant la Seconde Guerre mondiale : des catholiques, des communistes, des Juifs, des pétainistes antiallemands, des Italiens ou encore des Anglais. Il aborde leurs motivations, leurs premiers regroupements par cercles de connaissance, les luttes internes entre mouvements et réseaux à travers des témoignages.

Les résistants : témoignages, 1940-1945, Présenté par Laurent Joffrin, Omnibus, 2013
Recueil de témoignages de ceux qui ont dit non à l’occupation nazie : Lucie Aubrac, Daniel Cordier, Rol-Tanguy, etc.

Résistance : histoires de familles : 1940-1945, Missika, Dominique Veillon Dominique, Armand Colin, 2005
Récits héroïques ou tragiques de 25 familles de résistants de milieux et de confessions divers. Les auteurs proposent un nouveau tableau de la Résistance française avec cette plongée dans l’intime.

La Vie quotidienne des Résistants, de l’armistice à la Libération : 1940-1945, Noguères Henri, Hachette, 1984. (Vie quotidienne.)
C’est en témoin et en chroniqueur qu’Henri Noguères décrit ce que fut la vie quotidienne des résistants. Il montre l’extraordinaire diversité d’opinions, de croyances,
d’origines sociales des légaux comme des clandestins. Combattants du rail ou imprimeurs, fonctionnaires "napés" ou "bons gendarmes", avocats, médecins, devenant pour les besoins de la cause passeurs, dynamiteurs, espions, tout un monde à part menant une double vie dans une société française d’abord figée dans la défaite
Histoire de la Résistance en France de 1940 - 1945. 5 vol.
Robert Laffont, 1967-1981

Résistants-Collabos : une lutte à mort
Christophe Weber.,ZedParis , 2015
Après la défaite de la France en juin 1940, une nouvelle lutte commence. Elle oppose les Français qui ont choisi de résister aux Allemands à ceux qui ont décidé de collaborer. Têtes brûlées de la Résistance, fanatiques pro-nazis ou gangsters opportunistes, ces exclus de l’histoire officielle se sont livrés une lutte à mort. Un combat qui a fait plus de 100 000 victimes et qui empoisonne toujours notre mémoire.

Histoire de la Résistance, 1940-1945, Wievioka Olivier, Perrin, 2016
Une synthèse historique de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous les enjeux sont abordés, des premiers réseaux au couronnement de 1944. A noter qu’Olivier Wieviorka ne traite dans son ouvrage que de la Résistance intérieure. Le chapitre 4 (pages 102-136) est consacré à l’engagement dans la Résistance. L’auteur y fait un point très intéressant sur la diversité des motivations et insiste sur l’importance des parcours individuels menant des individus à entrer en résistance.

Si les facteurs internes ont joué un rôle central dans la naissance des mouvements de résistance dans différents pays, la part des Anglo-Américains dans leur croissance fut éminente. L’auteur a étudié l’organisation et l’action des forces clandestines et des gouvernements en exil de six pays occupés. Il invite à reconsidérer sans tabou l’action de ces mouvements et leurs relations avec les Alliés.
Les pionniers
Henri Frenay En juillet 1940, Henri Frenay est en garnison à Marseille. Refusant farouchement la défaite, il écrit dès le 15 août 1940 un manifeste, premier appel à la lutte armée. Il organise dès lors les premiers recrutements parmi ceux qui, comme lui, n’acceptent pas l’armistice. En décembre 1940, il est affecté au 2e Bureau de l’Etat-major de l’armée à Vichy. Il n’est pas hostile au début à la figure du maréchal Pétain mais s’en détache petit à petit devant la politique de collaboration.
Henri Frenay : de la Résistance à l’Europe, Robert Belot,Seuil, 2009
La Résistance française n’a pas été d’un bloc, et l’on sait le retentissant débat né des accusations portées par Henri Frenay contre Jean Moulin. Moulin a eu ses biographes, mais non Frenay. Robert Belot s’est employé à retracer l’itinéraire politique du fondateur du mouvement COMBAT. Grâce aux archives encore inexploitées auxquelles il a eu accès, il a minutieusement suivi l’itinéraire d’un officier catholique que rien, en apparence, ne prédisposait à devenir le grand résistant qu’il fut.IL faut aussi compter avec Berty Albrecht.


La nuit finira Henri Frenay Laffont, 1973 15 juillet 1940. Après s’être évadé, Henri Frenay arrive en zone libre. Pour tous, ou presque, la défaite de la France est irrémédiable. Pour lui, il en est sûr et il le veut, " la nuit finira ". L’aventure de la Résistance commence. Personne avant lui n’a raconté comment a pu naître, se développer et agir un Mouvement de Résistance. Comment, à partir de la volonté d’un homme seul, les moyens ont été réunis, les méthodes arrêtées pour faire face à une situation sans précédent dans l’Histoire de la France ; pour créer cet organisme complexe que fut " Combat ", ce mouvement que les historiens désignent comme ayant été le plus important, celui dont l’organisation servit de modèle aux autres.
 S’engager pour refuser l’État français et Vichy – on s’engage pour rétablir la République, suspendue depuis le vote des pouvoirs constitutionnels à Pétain, le10 juillet 1940, par la grande majorité des parlementaires présents à Vichy : ainsi « Mon premier acte de Résistance »(rentrée scolaire de l’automne 1940), témoignage de Madeleine Pinelli (institutrice), Comité de Corse du Sud de l’ANACR ; plus tard, viendra aussi le refus de l’antisémitisme et de la répression.  Julien Cain, démis par Vichy pour avoir quitté la France le 19 juin 1940 à bord du Massilia, sera arrêté à Paris par la police allemande en février 1941, pour « agissements anti-allemands », et déporté au camp de Buchenwald en février 1944 ; tandis que Gustave Monod, opposant aux mesures antijuives et démis par Vichy de son grade d’inspecteur général en 1940, s’engage dans Défense de la France – Des polytechniciens dans la Résistance

Premiers groupes, premières organisations


Le réseau du Musée de l’homme
Dès juin 1940, un premier groupe d’opposition au régime de Vichy et au nazisme est formé par Yvonne Oddon (bibliothécaire), Boris Vildé et Anatole Lewitsky (ethnologues d’origine russe) dans les locaux du Musée de l’Homme. Ce mouvement se transforme en un « secteur » clandestin dirigé par Boris Vildé et définitivement structuré en octobre 1940. Il compte 100 membres répartis en huit groupes aux activités propres comme l’évasion de prisonniers (grâce à de faux certificats de maladie et le recrutement de passeurs), la propagande (les journaux Résistance et Vérité français sont créés respectivement en septembre et décembre 1940) et le renseignement (collecte d’informations et leur acheminement vers Londres).
À la fin de l’automne 1940, le secteur de Boris Vildé se rapproche d’un secteur géré par Maurice Dutheil de La Rochère (50 membres) et d’un autre géré par Paul Hauet et Germaine Tillion (80 membres). Ces trois secteurs sont implantés sur l’ensemble de la zone occupée, ainsi que dans certaines villes de la zone libre (Bordeaux, Perpignan, Toulouse, Lyon, Vichy).
À Paris, le service de renseignements allemand (l’Abwehr) est installé à l’Hôtel Lutétia dans le 6e arrondissement, d’où il traite les informations qui lui sont transmises par des agents infiltrés et des individuels. Parmi eux, Albert Gaveau, mécanicien, agent de liaison et homme de confiance de Boris Vildé, dénonce à l’Abwehr l’existence du réseau de Résistance du Musée de l’Homme. Les premières arrestations ont lieu en février 1941.À la suite d’une enquête d’une année, 19 personnes sont inculpées de crime d’espionnage au profit d’une puissance ennemie. Le 8 janvier 1942, un procès se tient devant une cour allemande. Le verdict est : 10 peines capitales, 3 peines de prison et 6 non-lieux. Les femmes condamnées à la peine capitale sont finalement déportées vers des camps allemands.
Le 23 février 1942, Jules Andrieu, Georges Ithier, Anatole Lewitsky, Léon Nordmann, René Sénéchal, Boris Vildé et Pierre Walter sont fusillés au Mont Valérien.Le 13 août 1942, Germaine Tillion est arrêtée à la Gare de Lyon à Paris, avant d’être envoyée aux prisons de la Santé (Paris) et de Fresnes (Val-de-Marne), puis d’être déportée au camp allemand de Ravensbrück.
Dès la fin de la guerre et son retour de Ravensbrück, Germaine Tillion est chargée de régulariser les pensions au titre de combattant volontaire de la Résistance et enregistre le réseau sous le nom de « Réseau du Musée de l’Homme – Hauet – Vildé ». « Le réseau de Résistance du Musée de l’homme », [en ligne], consulté le 22 janvier 2020. http://www.museedelhomme.fr/fr/musee/histoire-musee/reseau-resistance-musee-lhomme-3721
Boris Vilde Germaine Tillion Paul Rivet Anatole Lewitsky Yvonne Oddon
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Au commencement de la Résistance : du côté du Musée de l’homme, 1940-1941, Julien Blanc, Seuil, 2010.
Été 1940. Dans un pays assommé par la débâcle, les premières manifestations du refus de l’occupant s’ébauchent dans Paris, en particulier au musée de l’Homme. Des noyaux de résistance naissent. Par contacts successifs, une nébuleuse rassemblant des groupes divers se développe et se lance dans des actions variées : propagande, évasion, renseignement. Disséminée géographiquement, socialement et idéologiquement variée, cette désobéissance pionnière est rapidement en butte à une répression féroce. Ses principaux chefs de file, le linguiste Boris Vildé et l’anthropologue Anatole Lewitsky, sont jugés et exécutés en février 1942.Comment cette première Résistance s’est-elle structurée ? Quelles ont été les motivations et les profils de ses membres ? La répression a-t-elle irrémédiablement décimé les groupes qu’ils avaient mis sur pied ? Comment enfin l’histoire et la mémoire de ces éphémères constructions se sont-elles articulées de 1942 à nos jours ?Dans ce livre, Julien Blanc présente à la fois l’histoire singulière d’une organisation de Résistance et un essai sur les premières formes de la désobéissance en zone occupée. Bibliothèque Léon Deubel : Adultes ,944.081 7 BLA Le réseau du Musée de l’Homme : les débuts de la Résistance en France Martin Blumenson Ed. du Seuil,1979
 « Les motivations des pionniers de la Résistance à travers le Journald’Agnès Humbert », réseau Canopé.  « Liberté » en zone sud fondé par François de Menthonet Pierre-Henri Teitgen–   Collecter des renseignements en zone occupée pour informer les Alliés et la France libre sur les installations et les déplacements des forces militaires allemandes : ex. le réseau de renseignements britannique Jade-Fitzroycréé en décembre 1940 (par Claude Lamirault, avec Pierre Hentic) ; Honoré d’Estienne d’Orves revenu de Londres en zone occupée en décembre 1940 pour développer en Bretagne le réseau Nemrod.  Convaincre les concitoyens contre l’occupant et la collaboration par des moyens de contre-propagande, tracts (voir Tracts et papillons clandestins de la Résistance – papiers de l’urgence), feuillets puis journaux clandestins (action principale en zone sud) : voir sur Gallicales premières publications clandestines de 1940-1941. « Clandestins de la liberté »
Les formes de résistance ont été très diverses : activité de renseignement au profit des Alliés, sabotages, diffusion de tracts, de chansons et de journaux et littérature clandestine, résistance passive, aide aux populations juives traquées, lutte armée, inscription à la hâte de slogans « anti-collabo » ou pro-alliés... Autant d’actes qui ont pu appartenir à la résistance informelle et occasionnelle.
L’édition clandestine sous l’occupation
Les écrits clandestins apparaissent d’abord sur des morceaux de papier, des cahiers griffonnés, des publications parfois réalisées par une seule personne. Les tracts et papillons (morceaux de papier) ainsi que les journaux clandestins sont les premières formes de résistance. D’abord écrits à la main, ces supports se développent en étant tapés à la machine, puis reproduits sur des ronéotypes et des presses d’imprimerie. De plus, la presse est à l’époque le principal mode d’information. Il est donc essentiel pour la Résistance de la développer.
Très vite, elle joue un rôle fondamental et devient un support d’expression et de création primordial pour les écrivains. En France, un très grand nombre de journaux clandestins paraît. Les principaux mouvements de résistance ont leur titre, certains publiés à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.


Les écrivains face à l’Histoire : France, 1920-1996 : actes du colloque organisé à la Bibliothèque publique d’information, le 22 mars 1997...Sous la dir. d’Antoine de Baecque.

De la période troublée de l’Occupation aux prises de position de la Résistance, du colonialisme au gauchisme, l’écrivain de ce siècle n’a pu se désintéresser de son époque. Entre littérature et positions politiques, entre rôle de l’intellectuel et rôle de l’écrivain, chacun a tenté de trouver son équilibre. Reprend et complète les actes du colloque organisé sur le même thème par la BPI le 25 mars 1996, en relation avec l’exposition "Face à l’Histoire" organisée par le Centre Georges Pompidou.

Archives de la vie littéraire sous l’Occupation : à travers le désastre [réunies et légendées par] Robert O. Paxton, Olivier Corpet, Claire Paulhan. Tallandier : IMEC, 2009.



Corpus de 650 documents tirés des collections de l’IMEC, de la New York Public Library et de la Bibliothèque nationale du Québec. Après une présentation générale, la guerre et ses conséquences sont explorées pas à pas : l’avant-guerre, la drôle de guerre et la débâcle, la vie dans la vichyste, l’évolution de la librairie, etc.

La Vie culturelle dans la France occupée, Barrot Olivier et Chirat Raymond, Gallimard, 2009.
Ce panorama de la vie culturelle française sous l’Occupation revient sur le temps des expositions qui répandent la propagande nazie, sur les productions cinématographiques avec 220 films en 4 ans, malgré le double contrôle vichyssois et allemand. La radiodiffusion, acquise à Vichy, incite au développement d’émissions clandestines, la littérature interdit les auteurs juifs.

L’Edition française sous l Occupation : 1940-1944. Fouché Pascal, Bibliothèque de Littérature française contemporaine de l’Université Paris 7, 1988, (L’Edition contemporaine ; volume 3 et 4).
Ce sont les moyens de survie, les compromissions et les actes de résistance de cette profession mais aussi des éditeurs à titre personnel, tous différents dans leurs choix sinon dans leurs intérêts, que ce livre nous décrit jusqu’à la Libération, évoquant aussi les procès intentés à certains éditeurs lors de l’épuration.

Etude sur les bibliothèques en France entre 1939 et 1945, période durant laquelle l’occupant nazi surveille la production éditoriale et exige que les auteurs de la liste Otto (liste des auteurs juifs ou antinazis) disparaissent des rayonnages des bibliothèques. Sous la direction de B. Fay, la BN devient un instrument de collaboration d’Etat et les autres bibliothèques publiques sont réorganisées.

Paris à New York, intellectuels et artistes français en exil (1940-947), Loyer Emmanuelle., Hachette Pluriel, 2007.
Retrace le parcours d’intellectuels, artistes, politiques français qui se sont exilés à New-York pendant la Seconde Guerre mondiale. Etudie les réseaux et les organisations qui se sont mis en place pour assurer leur voyage vers les Etats-Unis et pour les accueillir, ainsi que l’action politique de ces exilés.

L’Intelligence en guerre : Panorama de la pensée française dans la clandestinité, Parrot Louis, La jeune Parque, 1945.
Publié en 1945, ce livre est un document sur les années 1939-1945, époque où il fallait s’opposer à la torture, à la déportation et au peloton d’exécution. La vie intellectuelle de ces années y est répertoriée : écrivains, peintres, musiciens, universités. Un document sur les éditions de Minuit et Les Lettres françaises.
La Guerre des écrivains (1940-1953), Sapiro Gisèle, Paris, Fayard, 1999.
Pourquoi certains écrivains ont-ils collaboré sous l’Occupation quand d’autres choisirent de résister ? Dans ce livre, qui traite des années 1930 à 1953, date de la seconde loi d’amnistie, l’auteur montre que les attitudes politiques de chacun s’éclairent par leur position respective dans les querelles littéraires d’avant-guerre.

La presse clandestine sous l’Occupation
Revue de presse clandestine publiée en 1941 dans l’album La France libre par l’image 18 juin 1940-18 juin 1941 (Musée de la Résistance nationale).

Les premiers résistants veulent contrer la propagande de l’occupant allemand ou de l’État français relayée par les journaux officiels. Dès l’automne 1940, ils élaborent des journaux clandestins destinés à faire connaître leur vision de la situation et amener leurs lecteurs à partager leur point de vue. Ils fondent leur argumentation sur leurs propres constatations ou sur les informations entendues sur les ondes des radios libres, en premier lieu Radio-Londres. Tous dénoncent l’occupation d’une partie du territoire et les conditions imposées par l’occupant. Pantagruel condamne avant tout le régime nazi en le distinguant du peuple allemand. Comme Résistance, il souhaite la victoire de l’Angleterre. Le positionnement par rapport à l’État français est plus ambigu. En zone Sud, Liberté ou Les Petites Ailes de France critiquent la collaboration mais considèrent que le régime de Vichy peut être une alternative en attendant la revanche et font confiance au maréchal Pétain. En zone Nord, Valmy rejette le régime anti-démocratique et anti-républicain de Vichy et la politique de collaboration (« Travail forcé, loin de la Famille, contre la Patrie »). https://www.musee-resistance.com/
Histoire générale de la presse française : De 1940 à 1958, Terrou
Presses universitaires de France, 1975.

De la résistance à la révolution : Anthologie de la presse clandestine française. - Ed. de la Baconnière, 1945.
La revue Fontaine
« Fontaine est une revue littéraire et poétique fondée en 1939 par Max-Pol Fouchet à Alger. Ce fut une des principales revues de la résistance intellectuelle française contre le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. La revue publie des écrivains résistants installés à Alger.
Elle devient rapidement sous l’Occupation, la tribune de la résistance intellectuelle française, à travers notamment des écrivains engagés comme Georges Bernanos, Aragon, Antonin Artaud, Georges Blin (qui a été son secrétaire en 1945-1947), Jean Wahl, Jean Rousselot, Pierre Emmanuel, Pierre Jean Jouve, Georges-Emmanuel Clancier, Claude Roy, Loys Masson, André Frénaud, Jules Supervielle, Max Jacob, Henri Michaux, René Char, Jean Lescure. ».
"Source : Fontaine (revue) -



Panorama des revues littéraires sous l’Occupation : juillet 1940-août 1944, Cariguel Olivier, IMEC éd., 2007, Collection Inventaires).

La plupart des premiers journaux ont une existence de quelques mois. Réalisés par des individus ou des groupes sans expérience de la clandestinité, ils sont vite repérés et infiltrés par les forces de répression. Le groupe du Musée de l’Homme qui publie Résistance est démantelé en mars 1941, celui qui fait paraître La Vérité française tombe en novembre, Pantagruel cesse de paraître en octobre après l’arrestation de ses imprimeurs. En revanche, de novembre 1940 à novembre 1944, Camille Schneider parvient à rédiger et distribuer 37 numéros de L’Alsace (Das Elsass à partir de février 1941) sans jamais avoir été localisé par la Gestapo. https://www.musee-resistance.com/
Les Voix de la Résistance : tracts et journaux clandestins francs-comtois / [réunis et présentés par] Marcot François, Cêtre, 1989
(La Franche-Comté sous l’Occupation. ; 2).

Sur les murs de Paris 1940-1944, Bourget Pierre, Lacretelle Charles, Hachette, cop.1959

Jean Paulhan
« Dès juin 1940, il pose les fondations spirituelles d’une résistance française [réf. nécessaire. En juillet de la même année, il tente de persuader ses amis de l’échec inévitable de toute collaboration. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans une clandestinité partielle et fonde la revue Résistance, puis, avec Jacques Decour, les Lettres françaises.
Lettre aux Directeurs de la Résistance, Jean Paulhan.,Ed. de minuit, 1952.

« Entre le 19 juin 1940 (suite à l’Appel du 18 juin dans un bulletin d’information) et le 25 octobre 1944, des programmes en langue française furent diffusés depuis les studios de la section française de la BBC (British Broadcasting Corporation, société de production et de diffusion des programmes de radio-télévision britanniques). Sous le nom de Radio Londres, qui entendait s’opposer à Radio Paris, antenne du gouvernement de Vichy, furent produits six bulletins quotidiens d’informations françaises et deux émissions, indépendantes l’une de l’autre : Les Français parlent aux Français, réalisée par le gouvernement britannique, et Honneur et Patrie, sous la responsabilité de la France libre du général de Gaulle.

Éditeur scientifique Crémieux-Brilhac Jean-Louis
Club français des bibliophiles, 1975
La Documentation française, 1975.- 5 volumes.
Se référant aux textes antérieurs et aux instructions du 19 novembre 1940, l’arrêté préfectoral interdit toute audition publique des radios britanniques ou « se livrant à une politique anti-nationale ». La mesure s’étendra bientôt à l’écoute privée. Cela n’empêchera pas les Français, après avoir bien fermé les ouvertures de la maison et en tendant l’oreille dans un silence absolu pour surmonter les crachotements du brouillage, d’écouter la BBC

Radio Londres, la guerre en direct, Jacques Pessis Michel, 2014.
Portraits d’hommes et de femmes de l’ombre, qui chaque soir entre juin 1940 et septembre 1944, ont prêté leurs voix au sein de la section française de la BBC, pour faire passer sur les ondes des messages porteurs d’espoir, parfois codés, à destination des Français.

« Donc, les liaisons étaient assurées par des radios, d’une part et par des déplacements d’agents, d’autre part. Les radios faisaient un métier extrêmement dangereux. C’était un des métiers les plus dangereux de la Résistance. Les imprimeurs aussi faisaient un métier très dangereux. A l’origine, on considérait qu’un radio ne pouvait pas survivre plus de trois ou quatre mois à cause des moyens de radiogonométrie qui permettaient de localiser les postes émetteurs. Il y a toute une série de techniciens de très haut niveau des radiocommunications qui ont aidé la Résistance à établir ces réseaux. ».Raymond Aubrac : les différents moyens de communiquer avec Londres.


D’apes une brochure éditée par la Bibliothèque Léon Deubel à Belfort


Pour la région de Marseille


Les Marseillais dans la guerre, 1939-1944, Renée Dray-Bensousan,edition Gaussen, 2013


Marseille Vichy et les Nazis , collectif,2005


Provence-Auscwitz, De l’internement des étrangers à la déportation des Juifs 1939-1944, Collectif sous la direction de R Mencherini, PUP,2007