La Valise oubliée ; tourmentes, déchirures. . Jean Zylbber . Correspondances du 16 juillet 1942 au 4 mai 1959. Un ouvrage signé Renée Lopez-Théry, 2020

mardi 23 mars 2021
par  Renée Dray-Bensousan

La Valise oubliée ; tourmentes, déchirures. . Jean Zylbber . Correspondances du 16 juillet 1942 au 4 mai 1959. Un ouvrage signé Renée Lopez-Théry, 2020

L’auteure Renée Lopez Théry est historienne, auteur d’une thèse de doctorat sous la direction du regretté Emile Temime. En tant que fille de déportée elle s’occupe de l’AFMD 13. Jean Zylber lui a confié une documentation exceptionnelle qu’elle met en annexe de son ouvrage .
Tout commence comme dans un roman…Le 3 octobre 2012 Jean Zylber fête ses 80 ans. Son épouse Nicole a réuni pour l’occasion une cinquantaine de personnes dont des cousins d’Amérique et des amis de jeunesse.
Jean monte au grenier où il conserve une grande valise jamais ouverte. Laissons-lui la parole : « Je l’ouvre. Je vois des lettres. C’est mon écriture. Je ne les avais pas lues avant. Je n’avais jamais fouillé et je commence à feuilleter… ». Il y a 400 lettres « oubliées » qu’accompagnent de nombreuses photographies.
Apparait l’histoire d’une famille polonaise, les Zylber, fuyant un climat malsain d’antisémitisme pour venir s’établir à Paris en 1930. Ce furent des années heureuses jusqu’à la guerre. Les Zylber ont retrouvé des membres de leur parenté, comme la famille Katz et se sont liés d’amitié avec les Waldmann. Ce qui nous vaut de voir en particulier quelques parcours de Juifs émigrants.
De nouveau en 1942 ils doivent fuir la capitale après avoir échappé à la rafle du Vel ‘d’HIV. Avant de quitter la zone occupée ils confient leur fils aux Nadaud une famille modeste habitant Pontault-Combault en Seine et Marne chez laquelle l’enfant passait ses vacances.
Jean passe donc une grande partie de son enfance et de son adolescence chez les Nadaud qui forcément s’attachent à ce deuxième fils. C’est devenu un enfant du village, protégé par toute une chaine de bonnes volontés. On a souvent au cours des ces pages émouvantes l’impression de revoir quelques passages du film « Le Vieil homme et l’enfant ».
Quant aux Nadaud, ils n’ont aucune nouvelle des parents jusqu’à ce jour de 1945 où madame Nadaud apprend qu’ils ont été arrêtés en Italie, internés à Borgo San Dalmazzo, transférés à Nice, puis à Drancy ils ont été envoyés a Auschwitz puis gazés des leur arrivée.
Jean est donc un orphelin de 13 ans. Il est recherché par sa famille biologique notamment par la sœur de sa mère, tante Hélène. Commence alors pour les Nadaud une période très douloureuse de combats avec la communauté juive qui aboutit à l’abandon de Jean à sa famille. Jean lui-même est tiraillé. Il aurait préféré rester auprès de sa mère adoptive. Comment ne pas penser alors à l’affaire Finaly ?
Jean va rejoindre sa famille aux USA. C’est à Chicago qu’il entreprend des études supérieures. Il reviendra en France en 1959 près de sa famille de substitution .

Merci à Renee Lopez pour ce bel ouvrage