HAHAM Choura, membre de FTP-MOI

lundi 9 novembre 2020
par  Renée Dray-Bensousan


HAHAM Choura, Alexandra Shifra [dite]
Bessarabie 1900
Beltsy 1981
Résistante FTP-MOI,


Choura est née dans une bourgade juive (shtetl) de Moldavie, dans une famille modeste. Autodidacte, elle apprend à lire et à écrire avec les enfants du voisinage. Adulte, face à l’antisémitisme des pogroms, elle s’engage dans le combat révolutionnaire. Avec son camarade Abram Haham, devenu son époux, elle émigre à Liège. Abram suit des études d’ingénieur, Choura apprend le métier de tourneur et devient ouvrière métallurgiste.
En 1931, expulsés pour leurs activités politiques, ils s’installent à Marseille au 73 rue Vincent (actuelle rue Roger-Brun) avec leur bébé de neuf mois. Choura fait des heures de ménage. Ils participent à toutes les luttes contre les ligues et pour le Front populaire.
Choura milite à l’Union des femmes françaises et au Comité d’aide à l’Espagne républicaine. Son mari, arrêté parce que communiste en 1939, incarcéré au Brébant, est ensuite interné aux Milles. Quand la zone sud est occupée, il est déporté à Buchenwald d’où il ne reviendra pas.
Choura, sous le pseudonyme d’Annie, se lance dans le combat clandestin. A partir de 1941, un comité de solidarité, composé en majorité de femmes, collecte argent, vivres, vêtements, médicaments pour les internés des camps avec lesquels un contact a été établi. Quand elle apprend que, rue Sylvabelle, un rabbin, Zalmann Schneerson, dirigeant de l’AIP (Association des israélites pratiquants), envoie des colis aux internés des camps, elle lui propose sa collaboration avec un groupe de femmes juives.
La même année, au sous-sol de la rue Milly, dans le quartier Vauban, avec des membres de la MOI, elle installe une vieille ronéo et commence à tirer des tracts qui sont distribués sur les marchés de la Plaine et du cours Julien.
En 1942, elle fait partie des FTP-MOI et devient responsable du centre d’impression clandestin installé rue Neuve-Sainte-Catherine, d’où sortent des tracts et journaux en plusieurs langues. Il fournit la presse clandestine en français et en yiddish, à l’UJRE (Union des juifs pour la Résistance et l’entraide), aux groupes de combat juifs, et au MNCR (Mouvement national contre le racisme). Des contacts sont établis avec des familles juives d’Arles, Avignon, Nîmes. Des agents de liaison leur apportent la presse et les consignes de la Résistance. Choura conseille aux Juifs de quitter leur maison, leur propose des faux papiers et des « planques ». Elle essaye aussi de trouver des familles d’accueil pour les enfants.
Le 21 août 1944, elle défile, brassard FFI bien arrimé, avec les combattants des barricades de la place Castellane et du cours Lieutaud.
Après la Libération, membre de la direction de l’UJRE, sa tâche première est de venir en aide à la population juive, par la récupération des appartements, des ateliers, des commerces. Début 1946, la Commission de contrôle de l’enfance de l’UJRE ouvre à Sainte-Maxime une maison d’enfants de fusillés et déportés. Pour aider les rescapés des camps, Choura organise des collectes qu’elle refera pour l’Exodus.

En 1948, membre de la direction d’un centre d’accueil situé dans une villa de la Corniche, elle reçoit des réfugiés des pays de l’Est dont beaucoup de rescapés des ghettos et des camps.
Elle reprend ses activités professionnelles en 1950, dans un restaurant de l’EDF, milite au Parti communiste et dans les associations. En 1954 elle quitte la France pour sa terre natale où elle va retrouver son fils.
Elle repose au cimetière juif de Beltsy.
Hélène Taich†
(Extrait du Dictionnaire des Marseillaises)