La mairie de Marseille condamnée à restituer un tableau de Derain

vendredi 2 octobre 2020


La mairie de Marseille condamnée à restituer un tableau de Derain
Il est exposé au musée Cantini. La Ville de Marseille vient d’être condamnée par la cour d’appel de Paris à restituer Pinède, Cassis, tableau du fauviste André Derain. L’oeuvre revient de fait à la famille de René Gimpel, un galeriste juif qui avait été contraint de le vendre entre 1940 e1942. Arrêté puis libéré à cette période, René Gimpel s’était engagé dans la Résistance et avait dû vendre l’oeuvre ainsi que deux autres du même peintre pour subvenir aux besoins de sa famille et financer son engagement. Selon la loi, il s’agit donc, au vu du contexte, d’une vente forcée.
Les avocats de la Ville ont plaidé l’incertitude liée à
l’authentification de l’oeuvre et de sa vente sous le régime de Vichy alors même que la direction des musées de Marseille avait estimé qu’il s’agissait bien d’un Derain. La cour d’appel a finalement tranché : la mairie de Marseille, ainsi que l’État propriétaire des deux autres tableaux, doivent les restituer à la famille, lui verser 7500 euros et rembourser la moitié des frais de justice de première instance.
Source : La Provence


La pinède à Cassis
André Derain (1880 - 1954)


Huile sur toile peinte en 1907.
Dimensions : 54 x 64 cm.
Musée Cantini, Marseille


L’un des premiers à inventer le langage "fauve", Derain est aussi l’un des premiers à sen éloigner, au cours de l’été 1907. Depuis le 17 juin, il est installé à Cassis, un petit port situé à l’est de Marseille. « C’est d’une douceur de tons, d’odeurs, d’une atmosphère étrange » écrit-il à Vlaminck. Dans ses paysages de Cassis, les bleus et les verts sombres des arbres font ressortir les ocres et les oranges du sol. Derain tente ici de rendre la lumière elle-même, pour ainsi dire sans la couleur, à laquelle il substitue le plus fort contraste possible dans l’échelle des valeurs. Le tranchant des troncs forme autant de silhouettes dont le dessin est perçu pour lui-même, tandis que la couleur reste discrète. Derain remanie profondément les termes de son approche picturale. Le cerne cloisonné inspiré par Gauguin à L’Estaque s’est transformé dans les paysages de Cassis en un tracé directeur, proche du dessin de certains bois gravés de Matisse. La palette fauve s’est estompée et, dans l’austérité des formes simplifiées aux tons sourds, la composition a acquis une densité et une monumentalité nouvelles.
source : Les fauves